« Les hommes naissent libres et égaux, mais il y en a qui sont plus égaux que d’autres », disait Coluche. C’est un peu pareil avec la réforme des retraites. Car après avoir accepté des exceptions au système théoriquement universel pour les policiers, c’est au tour des Sénateurs d’avoir un régime spécial.
Un système « universel » mais seulement pour certains
Samedi 14 décembre 2019, alors que la grogne contre la réforme du régime des retraites continuent et que la CFDT a rejoint le mouvement, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a voulu s’assurer d'avoir le soutien des policiers : ils conserveront leur régime spécial dans un système dit « universel ». Apparemment, l’universalité, pour le gouvernement, c’est un concept relatif et non absolu.
« Les policiers comme les gendarmes, sont confrontés à la dangerosité pas seulement au moment de l’action », selon Beauvau. « La fonction même de policier les expose au risque ».
Avec eux, naturellement, un autre corps de métier aura un régime spécial : celui des pompiers, même si les syndicats de ces derniers ne sont pas encore totalement convaincus. Les pompiers se sont d’ailleurs fait remarquer lors des manifestations contre la réforme par leur présence massive.
Mais on peut comprendre que des métiers aussi risqués que policier, gendarme ou pompier puissent bénéficier d’un régime dérogatoire. Le service qu’ils rendent à la nation, parfois au prix de leur vie, est fondamental.
Sénateur : un métier « à risque » ?
Il semblerait que les sénateurs aussi aient un métier très risqué : peut-être le risque de chuter dans les couloirs cirés du palais du Luxembourg ? Autrement, comment expliquer que le Sénat va, lui aussi, bénéficier d’une dérogation au système « universel » des retraites, qui d’universel n’a plus rien ?
Le président du Sénat Gérard Larcher a, sur Public Sénat jeudi 12 décembre 2019, annoncé un groupe de travail pour faire « évoluer » la retraite des sénateurs. Une évolution qui ne signifie pas un alignement sur le « système universel ». La retraite des sénateurs va être aménagée, mais ces derniers ne veulent pas que les près de 639,5 millions d’euros cumulés sur leur caisse, auxquels s’ajoutent 779 millions d’euros pour les retraites du personnel du Sénat (soit 1,4 milliard d’euros), aillent payer les retraites des autres Français qui seront dans le « système universel ».
Le « système universel » des retraites s’applique donc à « tout le monde », mais ce « tout le monde » ne cesse de devenir « de moins en moins de monde ».