Jean-Pierre Farandou, nouveau PDG de la SNCF depuis fin novembre 2019, commence bien mal son mandat : la grève dans le secteur des transports, liée à la contestation contre la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, est devenue la plus longue de l’histoire de l’entreprise. Les millions de pertes s’accumulent… et le PDG se prépare à devoir faire des sacrifices.
Plus de 700 millions d’euros de pertes pour la SNCF ?
Dans un entretien accordé à Paris Match et publié jeudi 9 janvier 2020, Jean-Pierre Farandou semble plutôt défaitiste : la grève pourrait facilement dépasser les 700 millions d’euros, selon ses estimations. « Il y a d’abord le coût direct de l’activité que nous n’avons pas réalisée, tous les billets que nous n’avons pas vendus, toutes les tonnes de fret que nous n’avons pas transportées. Cela s’élève à environ 20 millions d’euros par jour ». Il faut en outre ajouter à cela le remboursement des abonnements TER et des Pass Navigo annoncé le 8 janvier 2020.
Difficile de savoir quel sera l’impact réel et final du conflit social, mais il pourrait être plus élevé que celui de la grève ayant frappé l’entreprise au printemps 2018. Or, cette année-là, le bénéfice de la SNCF avait tout simplement fondu : en 2017, l’entreprise affichait des comptes dans le vert pour 1,5 milliard d’euros… en 2018, s’il n’y avait pas de pertes, les bénéfices n’étaient plus que de 141 millions d’euros. Or, le conflit social de 2018 avait duré moins longtemps.
Vers des cessions pour redresser les comptes ?
Le nouveau PDG de la SNCF est face à un mur : en mai 2019, le Premier ministre, qui ne s’attendait sans doute pas à ce que sa réforme des retraites crée un tel conflit, avait annoncé que la SNCF allait être à « l’équilibre » à l’horizon 2022. Forcément, c’est très mal engagé.
Jean-Pierre Farandou a toutefois une solution, drastique, mais efficace : la cession d’actifs. « Serons-nous capables de redresser le cap ? Pour la marge opérationnelle, ce sera difficile. Mais nous pourrions retrouver l’équilibre attendu en maîtrisant la dette, y compris en réalisant des cessions d’actifs ».
Retrouver la confiance des voyageurs
Mais le plus dur, pour la SNCF, restera de redorer son image. Régulièrement pointée du doigt pour les retards et les prix élevés, en dehors des périodes de grève, l’entreprise a vu son image se détériorer avec ce conflit majeur. Le PDG le sait bien : avec la nouvelle organisation à laquelle ont été contraints les travailleurs ne pouvant plus faire confiance à l’entreprise, le nombre de voyageurs pourrait baisser.
Et c’est une très mauvaise nouvelle : en 2021, la libéralisation des chemins de fer aura lieu, ce qui permettra à des entreprises concurrentes de proposer des trains sur les mêmes lignes que la SNCF. De quoi accentuer, peut-être, le désamour des Français.