Evidemment, quand un salarié s'échine pendant des mois pour obtenir quelques petites centaines d'euros d'augmentation, les chiffres ont de quoi lui donner le tournis. D’après l'étude Proxinvest sur la rémunération des patrons du CAC publiée hier, ces messieurs (Anne Lauvergeon, PDG d'Areva, est partie en juin) ont à nouveau vu leur salaire augmenter l’an dernier, comme en 2010 et en 2009. Certes la hausse est moindre, 4% en 2011 (versus 34% en 2010 !), mais elle correspond tout de même à une augmentation de 160 000 euros, soit 13 000 euros de plus dans le porte-monnaie chaque mois par rapport à l’année précédente. Pas négligeable !
En moyenne, un patron du CAC 40 gagne donc désormais la modique somme de 4,24 millions d’euros par an (350 000 euros par mois), incluant son salaire fixe, ses bonus, actions, options et autres avantages. C’est-à-dire dix fois ce qu’un patron d’une entreprise publique est autorisé à encaisser en vertu du plafond fixé par le gouvernement (maximum vingt fois la rémunération la plus basse). Parmi eux, quatorze dirigeants tricolores ont même gagné l’équivalent de 240 SMIC en un an. Le trio de tête est composé selon L'Expansion de Maurice Levy, patron de Publicis (19,6 millions) suivi de Carlos Gohn, patron de Renault (13,3 millions) et du patron de Dassault Systèmes, Bernard Charlès (10,9 millions). Suivent les patrons de LVMH, L’Oréal, Sanofi, Danone, GDF Suez, Axa, etc.
Là où le bât blesse, c’est que les salaires des patrons du CAC 40 ne cessent d’augmenter, alors même que la valeur de leurs entreprises a perdu cette année 17%... Petit souci de corrélation. A croire que les bonus, qui restent très élevés bien qu’en baisse, ne sont pas indexés sur la performance du manager…
Mais comparés à leurs homologues d’Europe, les patrons français font office de petits joueurs. Les dirigeants britanniques, allemands, espagnols, suisses et italiens émargent à des salaires bien plus élevés en moyenne que les leurs. De quoi les rendre très jaloux ?