[Mise à jour samedi 10:29] Stéphane Soumier de BFM Business affirme sur son compte Twitter que le blocage des pubs par Free sera désactivé dès lundi. Ce ne serait qu'un coup de semonce de Free, dans sa lutte contre Google, pour que celui-ci paye une partie du trafic data vers les abonnés Free qui consultent Youtube notamment. Fleur Pellerin avait prévu de réunir tout le monde dans son bureau lundi (au moins Free et les éditeurs). Sera-t-elle maintenue ?
[Mise à jour vendredi 14:37] Contacté par Economiematin.fr, Google France, dont les publicités sont particuliérement touchées par le blocage instauré par Free, a réagi de manière très sobre : "Nous avons constaté les mesures prises par Free et sommes en train d’analyser la situation". La plupart des pure-players et médias en ligne réagissent très sévèrement à cette annonce, qui menace leur modèle économique basé pour tout ou partie sur la publicité, et qui est déjà précaire...
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Du jamais vu, qui fait trembler la sphère Internet ! Free, qui compte plus de 5 millions d’abonnés ADSL, a décidé de bloquer les publicités affichées sur les sites visités par ses abonnés. Il lui a suffi de mettre à jour le logiciel interne de sa Freebox « Revolution » (elle porte bien son nom !), ce qui a activé par défaut une option de blocage de la publicité, aussi bien sur les ordinateurs fixes ou portables des abonnés que sur leurs tablettes et smartphones connectés à leur hotspot. La nouvelle a aussitôt lancé une polémique.
Si les abonnés à Free peuvent en théorie se réjouir –ils ne seront plus embêtés par des pop-ups envahissants, même si les trous dans les pages ne les rendent pas très agréables à consulter-, les régies publicitaires en ligne, elles, crient au scandale, et au premier rang d’entre elles la régie Google AdSense, qui semble particuliérement impactée par cette censure. Un véritable « Adgate », ironise t-on déjà sur Twitter. "Free est totalement irresponsable et menace de porter un coup violent à tout un pan de l'économie numérique !" s’insurge ainsi Numerama, qui accuse l'opérateur de "péter un câble".
Comme le souligne Rue89, l’idée est "risquée". D’abord parce que de nombreux sites, y compris d’information, vivent pour tout ou partie grâce à la publicité. Comment pourront-ils survivre en expliquant aux annonceurs qui les financent qu’une partie de leurs visiteurs ne voient pas les pubs ? Ensuite, un fournisseur d’accès à Internet n’est pas censé bloquer du contenu sans en aviser ses utilisateurs, c'est le principe de neutralité de l'Internet qui est attaqué. Il s’agit là, selon les détracteurs, d’une véritable censure. "Free procèdement tout simplement à du filtrage de contenus pour ses abonnés sans leur demander leur avis", estime Rue89. La "neutralité du Net", terme cher à Nathalie Kosciusko-Morizet qui avait lancé un vaste débat sur le sujet quand elle était secrétaire d’Etat chargée du développement de l’économie numérique, serait donc remise en cause puisque le réseau n’est censé opérer aucune discrimination en fonction des émetteurs des contenus qui y sont diffusés, de leurs récepteurs et de la nature des contenus elle-même. A fortiori de la pub donc.
Joint par le site ZDNet, Free a tenté de minimiser les conséquences de cette option, encore en "test", tout en indiquant que les « adblockers » sont parfaitement légaux. D'aucun affirment que Free cherche en fait à faire pression sur Google, pour le forcer à financer une partie du trafic de données provenant de Youtube (propriété de Google) et consommant énormément de bande passante. Google refuse, pour ne pas rentrer dans une spirale infernale, et les abonnés de Free pleurent, l'accès à Youtube depuis leur accès ADSL et même depuis leur mobile étant ultra lent...
Qui cédera le premier ? Fleur Pellerin, secrétaire d'Etat à l'économie numérique, a posté un message sur Twitter affirmant qu'elle suivait l'affaire...