« Les armes ne sont pas le problème. Les criminels et les malades mentaux susceptibles de violence le sont » assurent, à l’image du sénateur de Floride, les pro-armes aux Etats-Unis, très attachés à la Constitution qui garantit à chacun depuis 1791 la liberté de détenir et de porter des armes, au même titre que la liberté d'expression ou de religion. Mais Barack Obama a décidé de s’attaquer à ce droit, un mois après la tuerie survenue dans l’école primaire de Newton, dans le Connecticut. Si chaque nouveau massacre relance le débat sur le contrôle des armes, il est rare que le président en exercice en fasse un cheval de bataille.
Hier, Obama a donc présenté un plan, jugé ambitieux par les médias américains, composé de vingt-trois mesures réglementaires. « Réduire la violence due aux armes est compliqué, mais protéger nos enfants ne devrait pas être controversé », a-t-il assuré. Pendant la campagne électorale, il était pourtant resté muet sur le sujet, tout comme son rival Mitt Romney, de peur sans doute de se mettre à dos une partie importante de la population (une erreur qu’avait commise Al Gore en 2000, selon certains observateurs : après s'être prononcé en faveur de ventes d’armes plus restrictives, il avait perdu beaucoup de voix).
Concrètement, le président veut que les élus votent l’interdiction des armes d'assaut et des chargeurs de plus de dix balles –deux mesures autorisées depuis 2004-, que les antécédent des acheteurs d’armes soient davantage vérifiés ou encore que les personnes présumées ou avérées dangereuses soient mieux empêchées d’y avoir accès. On est encore loin de l’interdiction pure et simple des armes, mais voilà un premier pas, qui fait déjà bondir les défenseurs de la liberté du port d’armes. Et au premier rang d’entre eux, le tout-puissant lobby des armes à feu, la National Rifle Association (NRA), pour qui les mesures présentées hier sont au mieux à côté de la plaque, au pire, révoltantes. Sur son site internet, la NRA a mis en ligne une vidéo qui fait scandale aux Etats-Unis. « Est-ce que les enfants du président sont plus importants que les vôtres ? », s’insurge le clip, qui souligne que les deux filles de Barack Obama sont protégées par les policiers armés des services secrets.
Toujours est-il qu’Obama va devoir à présent convaincre les membres du Congrès (le Parlement américain), et plus globalement l’opinion publique américaine, dans un contexte tendu. Depuis le massacre de Newton, les ventes d'armes ne cessent d'augmenter, les gens y voyant la preuve qu’il leur faut posséder une arme pour se défendre en cas d’attaque...