Va-t-il devenir, comme l’est son petit cousin le « jour du dépassement », une date annuelle pour alerter la population sur les risques du réchauffement climatique ? Ses créateurs l’espèrent : car le « jour du dérèglement » tombe, cette année 2020, ce 5 mars soit… très tôt dans l’année. Mais l’indicateur est un peu alambiqué.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre
Le jour du dépassement est connu : ce jour-là, l’Homme vit « à crédit » sur la planète et a consommé toutes les ressources naturelles disponibles sur une année en termes de pêche, par exemple, ou d'extraction minière. En continuant de consommer, il réduit donc ces ressources qui vont s’épuiser un jour ou l’autre si rien n’est fait.
Le « jour du dérèglement », c’est un peu plus complexe : inventé par les ONG de l’Affaire du siècle (Oxfam, Notre Affaire à tous, Greenpeace, et la Fondation Nicolat Hulot), il permet de dire que ce 5 mars 2020, la France a émis toutes les émissions de gaz à effet de serre qui lui sont permises en cas de « neutralité carbone ». En bref : toutes les émissions à partir du 5 mars 2020 participent activement au réchauffement de la planète.
Basé sur l’objectif de 2050
Le calcul réalisé pour cette nouvelle journée d’alerte est complexe et a nécessité d’extrapoler les émissions théoriques de 2020 en se basant sur celles, officielles, de 2017 et sur la réduction de celles-ci sur la période 2011-2017. Puis, le tout a été comparé avec l’objectif du gouvernement : réduire à 80 millions de tonnes équivalent CO2 les émissions du pays à l’horizon de 2050.
Le 5 mars 2020, la France a donc déjà émis 80 millions de tonnes équivalent CO2… et ce sans compter d’autres données qui augmentent ce chiffre : les seules prises en compte sont celles sur son territoire, il manque les données maritimes, par exemple.
Les ONG, par ce nouvel indice, veulent surtout faire pression sur le gouvernement, le premier acteur de cette réduction d’émissions par le biais de politiques publiques : l’objectif fixé est potentiellement atteignable, mais « nous y arriverons à 25% par des changements de comportements individuels et à 75% par des changements de politiques publiques d’ampleur sur les secteurs essentiels que sont les transports, les bâtiments, les mobilités, l’agriculture » selon Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France.