Réindustrialiser la France : c'est un des objectifs ambitieux du plan de relance mis sur la table par le gouvernement pour relancer l'économie du pays, plongée dans la crise. Mais les emplois perdus peuvent-ils vraiment revenir ?
L'hémorragie des emplois industriels ne remonte pas à la crise sanitaire, même si de nombreuses entreprises vont mettre en œuvre des plans de restructuration, chez Airbus, General Electric ou encore Bridgestone. Cette tendance est ancrée dans le paysage économique depuis bien plus longtemps : entre 2000 et 2016, ce sont un million d'emplois que la France a perdu dans le secteur industriel. Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée à l'Industrie, a déploré récemment que « la France [avait] été le pays européen qui a le plus délocalisé ». Mais son ministre de tutelle, Bruno Le Maire, a affirmé que l'Hexagone avait « de vraies capacités d’avoir des relocalisations industrielles ». Une partie du plan de relance y est consacrée.
Le poids de l'automatisation
Les économistes ne sont pas nécessairement de cet avis. Vincent Vicard du Cepii (Centre d’études prospectives et d’informations internationales) explique à l'AFP que la délocalisation des emplois industriels concerne tous les pays riches : « l’industrie est un secteur en diminution en termes d’emplois parce qu’il a des gains de productivité plus élevés que le reste de l’économie, notamment du fait de l’automatisation qui est importante ». Or, il est très difficile de concurrencer les pays d'Asie dans les secteurs de production occupant beaucoup de main d'œuvre peu qualifiée.
Prudence dans la distribution des aides publiques
Les aides publiques ne sont pas nécessairement la panacée pour créer ou conserver des emplois. L'exemple du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) est patent : France Stratégie a établi que les 18 milliards d'euros distribués par l'État en 2016 ont créé 100.000 emplois, ce qui revient à subventionner un poste à hauteur de 180.000 €. Les pouvoirs publics doivent cibler l'innovation, la recherche : c'est ce qui permet aux entreprises de gagner en compétitivité sans faire la course au moins-disant social.