L'avènement de la motorisation électrique dans l'automobile est salué comme une victoire pour l'environnement. Mais les États font aussi grise mine : plus il y a de voitures électriques sur les routes, plus les recettes fiscales attachées aux carburants traditionnels s'effondrent.
D'ici la fin de l'année 2023, ce sont 660.000 véhicules électriques et 500.000 hybrides rechargeables qui rouleront sur les routes françaises, d'après la Programmation Pluriannuelle de l'Energie. En 2028, on attend 4,8 millions d'unités (dont 3 millions d'électriques), ce qui représentera un tiers des nouvelles immatriculations. On peut se réjouir de la disparition des voitures les plus polluantes, en revanche, les finances publiques vont faire grise mine : les recettes fiscales engrangées par la taxe sur l'essence vont partir en fumée… La TICPE pèse pour 40 % du prix des carburants, et elle rapporte plus de 35 milliards d'euros. Dans un contexte de contrainte budgétaire de plus en plus importante en raison des mesures anti-COVID, les pouvoirs publics vont surveiller de très près ce qui se passe en Australie.
1,5 centime par kilomètre
Deux États, l'Australie Méridionale et Victoria, ont mis en place une taxe au kilomètre d'un montant de l'équivalent de 1,5 centime d'euro pour les voitures 100 % électriques, et de 1,2 centime pour les hybrides rechargeables. Pour un véhicule électrique parcourant 15.000 kilomètres par an, la facture sera de 231 euros. Le volume de véhicules étant encore modeste dans ces deux États, le montant total perçu ne dépassera pas 20 millions d'euros par an. Mais il augmentera au fur et à mesure de la hausse inexorable des ventes de ces voitures.
Une première surveillée de près
Cette taxe va être surveillée de près par de nombreux pays. Difficile de ne pas imaginer que ce sera le cas également à Bercy… Le ministère de l'Économie a certainement en tête les chiffres de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) : avec 100 % de véhicules électriques sur les routes en 2040, les pertes pour les caisses publiques se monteront à 500 milliards d'euros ! Il y a évidemment le manque à gagner de la TICPE, mais aussi le coût des infrastructures, en particulier le réseau de bornes de recharge.