Pas plus de profs, pas moins de profs... mais des profs mieux gérés. Voilà ce que pointe la Cour des Comptes dans son rapport intitulé Gérer les enseignants autrement. Et l'organisme de contrôle est plutôt sévère avec l'institution en indiquant que les principes de gestion du ministère de l'Education nationale n'ont pas évolué depuis le milieu du XXe siècle et ont des effets contraires aux objectifs affichés.
Concrètement, pour la Cour des Comptes, les effectifs de l'Education Nationale sont suffisants et les moyens financiers le sont eux aussi. Dans son rapport, elle explique que ce sont à la fois l'organisation des personnels et la mauvaise utilisation des moyens budgétaire qui plombent le ministère.
"L'effort financier consenti par notre pays se situe à un niveau comparable, voire supérieur à celui des pays qui assurent mieux la réussite de leurs élèves. (...) Cela montre que le système éducatif souffre avant tout d'une mauvaise organisation, et non d'une insuffisance de ses ressources financières et humaines", a dit le premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud, lors de la présentation du rapport intitulé Gérer les enseignants autrement.
Le rapport pointe du doigt le système d'affectation des enseignants. Il le considère inadapté aux besoins des élèves ainsi qu'aux exigences des postes. Les débutants et remplaçants sont affectés dans une large majorité (65%) dans des établissements difficiles alors que les plus expérimentés ne sont pas encouragés à être mobiles et ils sont surreprésentés dans les académies "attractives".
Par ailleurs, la Cour des Comptes estime "indispensable pour surmonter la crise d'attractivité", de revaloriser le métier d'enseignant qui connait des difficultés de recrutement dans certaines matières. Les deux dernières années, dans six disciplines, plus de 20% des postes proposés au concours du Capes externe n'ont pas pu être pourvus.
Sur la gestion des ressources humaines, la Cour des Comptes juge également incontournable la rationalisation de la scolarité au lycée, de développer la bivalence des enseignants au collège et d'annualiser le temps de travail des enseignants. "Une gestion optimale de cette ressource, a fortiori dans le contexte difficile des finances publiques françaises, est une nécessité", indique la Cour des comptes.
Et cette rationalisation est effectivement indispensable face aux chiffres de l'Education Nationale. En 2012, il avait 837 000 enseignants pour une masse salariale qui en 2011 représentait 50 milliards d'euros, soit 17 % du budget de l'Etat et 2,5 % du produit intérieur brut.
Dès lors, la création de 60 000 postes, dans le projet de loi sur la refondation de l'école adopté il y a deux mois, est-elle indispensable ? Pour Didier Migaud, premier président de la Cour des Comptes, "ce qui est en cause n'est pas le nombre d'enseignants mais la façon dont ils sont employés".