PenelopeGate : Quand Fillon aussi joue avec les chiffres

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 7 février 2017 à 7h43
Francois Fillon Plateau France 2
PenelopeGate : Quand Fillon aussi joue avec les chiffres - © Economie Matin
3677 EUROSFrançois Fillon a déclaré que sa femme a été rémunérée en moyenne 3 677 euros nets par mois.

Dans l’affaire Pénélope Fillon, qui a frappé le candidat de la droite à la Présidentielle, de nombreux chiffres ont été donnés. Lui-même en a donnés lors de sa conférence de presse le 6 février 2017. Essayons de faire un peu de lumière là-dessus.

Le salaire cumulé de Pénélope : une attaque en règle contre François Fillon

Il y a beaucoup d’hypocrisie et de mensonges derrière cette histoire, vous allez vite comprendre pourquoi. Lundi 6 février 2017 François Fillon a annoncé que sa femme avait été rémunérée, en moyenne, 3677 euros pendant 15 ans... reprochant au Canard Enchaîné et à ses détracteurs d’avoir parlé du cumul de ses rémunérations pendant 15 ans, pour donner le chiffre que l’on a beaucoup entendu, 500 000 euros, puis, même, 900 000 euros...

En cela, François Fillon a raison, c’est en effet déloyal, c’est un effet de manche médiatique que nous connaissons très bien : comment rendre un chiffre plus impressionnant ? il suffit de le convertir en une unité qui frappe les esprits... C’est la technique d’Olivier Besancenot qui convertissait toute somme d’argent, le versement de dividendes, le bénéfice d’une entreprise, en équivalent SMIC, pour marquer les esprits.

Annoncer le montant cumulé des rémunérations de Pénélope Fillon est donc clairement fait pour nuire, et non pas pour informer.

François Fillon oublie le coût du salaire brut et les avantages des salariés

François Fillon s’est aussi offusqué du fait que les rémunérations de sa femme avaient été annoncées en brut dans les médias : “personne ne parle en brut, ce qui compte c’est le net”.

Il n’a pas tort, même si les offres d’emploi sont souvent présentées en brut salarial, ce que les gens retiennent c’est le net, l’argent qui arrive dans la poche.

Seulement voilà, ce que François Fillon, qui n’a, comme beaucoup d’autres hommes politiques JAMAIS été chef d’entreprise, oublie de dire, c’est que 3677 euros de salaires net, ne coûtent pas 3677 euros à l’employeur, mais... Le double !

En France, avec les charges sociales et patronales qui pèsent sur les salaires, pour payer Pénélope Fillon 3677 euros net en moyenne par mois, ses différents employeurs ont dû verser autant à différentes caisses : l’assurance maladie tout d’abord, les caisses de retraite, l’assurance chômage, sans parler de la CSG et de la CRDS. Or, ces 3700 euros de charges, c’est aussi du salaire, car ils créent des droits : si Pénélope Fillon a été malade par exemple ou si elle a pris un congé maternité, son salaire pouvait être pris en charge par l’assurance maladie comme pour tout salarié...

Mais ce que créent surtout ces 15 ans de salaire à 3677 euros nets, ce sont ce que l’on appelle les droits différés dont le principal est le droit à la retraite bien sûr... Oui, grâce à ces salaires, même si Pénélope Fillon n’aura pas cotisé pendant 42 ans quand elle atteindra l’age de la retraite - notez au passage que 42 ans, c’est la conséquence de la « réforme Fillon » du régime des retraites - elle pourra toucher une retraite. Pas énorme, mais une retraite quand même, et ça, c’est donc, du “salaire différé”, qui est caché dans le brut.

Sur ce point François Fillon a donc tort de ne parler qu’en net. Mais c’était évidemment fait exprès, pour minorer la facture.

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Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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