Carlos Ghosn aimerait avoir les mains libres. Le patron de l'alliance Renault-Nissan voudrait pousser l'État actionnaire vers la porte de sortie, alors que ce dernier est l'actionnaire principal du groupe automobile. Une équation difficile à résoudre.
Nissan n'a toujours pas digéré la manœuvre de l'État français qui, en 2015 et en vertu de la loi Florange, a pu augmenter sa participation dans le capital de l'alliance de 15% à 20% et surtout, a obtenu des droits de vote doubles… Tandis que l'entreprise japonaise ne possède aucun droit de vote au sein de Renault. Un compromis a été trouvé fin 2015 : l'État peut exercer ses droits de vote doubles, mais uniquement sur les sujets stratégiques. Par ailleurs, il a accepté de céder les titres acquis à l'occasion de cette manœuvre.
Un soap opéra avec l'État en vedette
« Suite au 'soap opera' des droits de vote doubles et à la discussion avec l'Etat français, Nissan a dit très clairement durant ces discussions qu'il n'acceptera aucune évolution de la structure du capital tant que l'Etat français demeurera actionnaire de Renault », a déclaré Carlos Ghosn durant une conférence de presse. « Le jour où l'Etat français décide de sortir, tout est ouvert, et je peux vous dire que ça ne traînera pas. Mais tant qu'il veut rester un actionnaire de Renault, l'alliance continuera comme elle est », a poursuivi le PDG.
Une relation compliquée
De fait, la relation entre Renault et Nissan reste « compliquée mais constructive », selon le mot de Carlos Ghosn. Le partenaire japonais vit la situation actuelle comme une rupture de l'équilibre. Renault fait pression pour obtenir un désengagement de l'État : dans un courrier envoyé à la Cour des comptes, le constructeur automobile estime que l'actionnaire est « porteur de contradiction et de conflits d'intérêt ».