Voilà sans doute des informations qui auraient laissé plus que perplexe les députés de la commission d'enquête parlementaire qui a auditionné en milieu de semaine dernière Pierre Condamin-Gerbier dans l'affaire Cahuzac, et plus largement sur les affaires d'évasion fiscale.
L'homme qui se répand aujourd'hui en interviews dans la presse pour dénoncer le fonctionnement du système bancaire suisse, et prétend que plusieurs personnalités politiques françaises dont au moins un ministre en exercice mentent en cachant détenir des fonds en Suisse, a semble-t-il fait lui-même quelques arrangements avec son parcours professionnel.
Tout d'abord, Pierre Condamin-Gerbier s'appelle en fait tout simplement Pierre Gerbier selon son état civil. Il aurait rajouté le nom de famille de sa mère à son patronyme lors de son retour d'Angleterre, en 2002. Pourquoi ? Peut-être pour brouiller les pistes : L'homme était alors poursuivi outre-manche pour des dettes.
Ensuite, sur son profil Linkedin -ou sa carrière professionelle est décrite avec force détails, sauf les raisons pour lesquelles il a du changer onze fois d'employeur en vingt ans- Pierre Gerbier alias Pierre Condamin-Gerbier fait état de ses diplômes, gages de crédibilité auprès de ses employeurs : Master à HEC, et diplôme de l'institut national des Télécommunications (INT).
Malheureusement, à HEC, si l'élève Pierre Gerbier a bien suivi une formation en Mastère en 1993-1994, le diplôme ne lui a pas été délivré en raison de la non soutenance de la thèse professionnelle, comme en atteste la direction des Mastères d'HEC, interrogées. De même, à l'INT (devenue Telecom Ecole de Management), pas de trace non plus de diplôme qui lui aurait été délivré en 1993.
Plus embêtant encore pour quelqu'un qui voudrait faire le ménage dans le système bancaire suisse en en dénonçant les turpitudes, et qui aurait transmis une liste de quinze noms de personnalités françaises disposant d'un compte en Suisse, Pierre Gerbier est lui-même en délicatesse avec le fisc... suisse, mais aussi avec des dizaines de créanciers privés. L'Office des Poursuites du district de Morges, en Suisse, où il réside, lui réclamait 165 000 francs suisses en 2012 (soit 133 000 euros), et à peine moins en 2013 (voir ci-dessous, la liste des créances)..
D'aucun se demandent si les motivations de Pierre Gerbier ne seraient pas plus terre à terre qu'il ne le prétend, et qu'en fait de justicier, il soit simplement manipulé par tel ou tel afin de tenter de nuire à des hommes politiques en place. Sachant qu'il a milité à l'UMP section de Suisse en 2007, la "manip" serait un peu trop grossière. En revanche, à gauche, en pleine guerre larvée des courants, on n'en est plus au premier coup bas...