Ancien président de la Banque Centrale Européenne, remplacé depuis par Christine Lagarde, l’italien Mario Draghi a tenu un discours lors de l’ouverture du Meeting de Rimini, un forum catholique international qui en est à sa 41e édition. Il appelle le monde à faire de la dette liée à la Covid-19 une « bonne dette » et à ne pas faire l’impasse sur son remboursement.
« Bonne dette » contre « mauvaise dette »
La différence ne saute peut-être pas aux yeux, mais dans son discours tenu le 18 août 2020, Mario Draghi explique ce qu’il entend par une « bonne dette » : il s’agit d’une dette qui est « utilisée à des fins de productivité, notamment pour des investissements dans le capital humain, dans les infrastructures-clé pour la production, pour la recherche ». Inversement, la « mauvaise dette » sera celle utilisée « à des fins improductives ».
Il appelle les pays-membres de l’Union européenne, car c’est essentiellement de la dette créée par le plan européen dont il parle, mais son discours vaut pour l’ensemble du monde, à avoir une politique « qui n’ajoute pas de l’incertitude à celle déjà créée par la pandémie et le changement ».
Faire attention aux jeunes qui seront ceux qui devront payer
Si les dépenses se feront aujourd’hui, la dette de la Covid-19 est partie pour durer : il faudra des décennies pour la rembourser… et Mario Draghi veut qu’elle soit remboursée. Une pique adressée à celles et ceux qui ont vu dans la dette mutualisée entre les pays européens une sorte de simple cadeau de centaines de milliards d’euros dont le remboursement serait impossible ou simplement laissé de côté.
Ce temps nécessaire au remboursement de la dette liée à la Covid-19 fait que ce ne sont pas les décideurs d’aujourd’hui qui la rembourseront, mais les jeunes qui sont les décideurs et les travailleurs de demain. C’est donc vers eux que l’argent doit être dirigé, vers ce qui fera leur futur afin « de leur donner les moyens d’assurer le service de cette dette » tout en améliorant la société.