Les deux patrons ne se calment pas. Elon Musk, patron de X (ex‑Twitter), et Sam Altman, d’OpenAI, sont dans un conflit ouvert que ni le droit ni les algorithmes ne semblent apaiser.
Intelligence artificielle : OpenAI contre-attaque et cible Musk

L’entreprise OpenAI, conceptrice de la célèbre interface d’intelligence artificielle générative ChatGPT s'engage dans un bras de fer juridique contre son ancien cofondateur Elon Musk. Derrière cette confrontation, qui ne cesse de s'envenimer, se joue un affrontement idéologique, économique et juridique sur la nature même de l’intelligence artificielle.
OpenAI porte plainte contre Musk
Le mercredi 9 avril 2025, OpenAI a déposé une plainte devant un tribunal fédéral californien pour tenter de faire cesser ce qu’elle qualifie de « campagne acharnée » menée par Elon Musk à son encontre. L’entreprise affirme que le milliardaire multiplie les « tactiques de mauvaise foi ».
OpenAI accused Elon Musk of waging a “relentless” campaign for more than a year to damage the startup and urged a court to order him to stop https://t.co/3vityEvKLC
— Bloomberg (@business) April 10, 2025
La plainte accuse Musk d’avoir mobilisé tous les leviers à sa disposition : attaques publiques via X (ex‑Twitter), poursuites judiciaires qualifiées de harcelantes, demande d’accès à des documents internes et, surtout, et ce fût la goutte d'eau qui a fait déborder le vase : une offre de rachat, en février 2025, de 97,4 milliards de dollars. Dans un message publié sur X et relayé par CNN le 10 avril 2025, OpenAI résume ainsi son accusation : « Les actions incessantes d’Elon contre nous ne sont que des tactiques de mauvaise foi visant à ralentir OpenAI et à s’approprier les principales innovations en matière d’intelligence artificielle pour son bénéfice personnel. ».
Une offre de rachat trop belle pour être vraie ?
Selon la plainte d'OpenAI, Elon Musk aurait pris la tête d’un consortium privé en février 2025 pour proposer l’achat complet d’OpenAI. Une initiative immédiatement rejetée par le conseil d’administration, qui l’a interprétée comme une manœuvre dilatoire visant à détourner l’attention des objectifs stratégiques de l’entreprise. OpenAI, qui est aujourd'hui valorisée à plus de 300 milliards de dollars, affirme avoir mobilisé des ressources importantes pour contrer cette « feinte », au détriment de ses efforts de développement.
De son côté, l’avocat d'Elon Musk, Marc Toberoff, défend la légitimité de l’offre : « Si le conseil d’administration d’OpenAI avait véritablement examiné l’offre, comme il était obligé de le faire, il aurait vu à quel point elle était sérieuse » (Reuters).
Un bras de fer lancé par Musk
Quelques semaines avant la riposte judiciaire d’OpenAI, Elon Musk avait lui-même intenté une action en justice contre l’entreprise et son dirigeant Sam Altman, les accusant d’avoir dévoyé la mission fondatrice de l’organisation. Il dénonçait alors sa mutation en une structure lucrative, éloignée – selon lui – des idéaux d’un développement éthique de l’intelligence artificielle.
Un argumentaire qui vacille pourtant à la lumière de documents internes rendus publics par OpenAI et révélés par Numerama. Ces courriels, datés de 2018 - soit 4 ans avant le lancement de ChatGPT (2022) - montrent qu'Elon Musk défendait déjà une orientation commerciale du projet, dans l’optique d’une intégration à l’écosystème de Tesla… à condition d’en avoir la maîtrise.
La trajectoire qu’il emprunte ensuite semble conforter cette lecture. Après un départ précipité d’OpenAI, il fonde en 2023 sa propre société d’intelligence artificielle, xAI, avec pour objectif affiché de concurrencer directement ChatGPT. C’est ce positionnement frontal qui alimente aujourd’hui les accusations : OpenAI l’accuse d’avoir orchestré une guerre d’influence visant à affaiblir sa légitimité. L’organisation redoute que cette offensive ne compromette une levée de fonds de 40 milliards de dollars, essentielle pour son développement. Quoi qu’il en soit, ni l’un ni l’autre ne semble disposé à mettre de l'eau dans leur vin...