Ils ont trimé toute leur vie, payé leurs cotisations, supporté les crises, et voilà qu’au crépuscule de leur parcours professionnel, on leur sert des comptes d’apothicaire. Leur horizon ? Des fins de mois en pointillé, une inquiétude permanente, et un constat cinglant : la pension ne suffit plus. Que reste-t-il de la promesse d’une retraite sereine ?
Pouvoir d’achat : les retraités veulent 500 euros par mois de plus

Ce jeudi 10 avril 2025, l’étude publiée par Silver Alliance en partenariat avec CSA Research, a livré un verdict aussi froid que redoutable : les retraités français ont besoin de 531 euros de plus chaque mois pour vivre « convenablement ». Voilà ce que révèle une enquête menée du 14 au 24 février 2025 auprès de 610 retraités âgés de plus de 65 ans.
Un gouffre financier bien réel : 438 euros manquent aux personnes seules, tandis qu’un couple accuse un déficit mensuel de 597 euros. Et ce ne sont pas les 2,2 % de revalorisation des pensions de base appliqués depuis le 1er janvier qui feront oublier la flambée des prix ou la dégradation des conditions de vie. À l’inflation des coûts fixes répond une stabilité glaciale des revenus. Les retraités ont vu leur pension augmenter de 122 euros, mais leurs dépenses ont, elles, grimpé de 60 euros sur la même période. Solde net : négatif, en termes de ressenti.
Retraite : entre budget sous pression et épargne morcelée
Le problème, ici, c’est bien le pouvoir d’achat. Et il s’effrite, inexorablement. 67 % des retraités interrogés déclarent avoir vu leur niveau de vie dégringoler depuis leur départ à la retraite. 59 % redoutent une nouvelle baisse. Et comment leur en vouloir ? D’un côté, ils doivent jongler avec une pension médiane de 1 531 euros (source INSEE 2024), de l’autre, les dépenses courantes — alimentation, santé, énergie, impôts — avalent 1 842 euros en moyenne, selon le baromètre Silver Alliance.
Alors on serre les dents, et parfois on s’en passe. L’étude relayée par Le Parisien indique que 30 % des retraités ont renoncé à des soins médicaux, notamment 79 % aux soins dentaires, 45 % à l’optique. C’est le symptôme d’une dégradation systémique. Du côté de l’épargne, le constat n’est guère plus réjouissant. Seuls 56 % à 60 % des retraités arrivent à mettre de côté, à hauteur moyenne de 231 euros par mois. Ce n’est pas un matelas, c’est une couverture trop courte.
Retraite et patrimoine : fracture entre locataires et propriétaires
Sur le terrain du logement, le fossé devient ravin. 74 % des retraités sont propriétaires, et c’est souvent ce qui sauve l’équilibre budgétaire. Ceux-là échappent à des charges fixes écrasantes. Mais les 26 % restants, locataires ou encore endettés, doivent débourser 609 euros en moyenne par mois pour un toit. Résultat : leur reste à vivre est laminé.
Benjamin Zimmer, directeur de Silver Alliance, met les mots sur le paradoxe : « On a signé un contrat social qui nous garantissait une bonne retraite par répartition, donc on ne prépare pas beaucoup un complément par capitalisation. Or il est probable que les pensions baisseront à l’avenir, ne serait-ce car beaucoup n’auront pas leur retraite à taux plein. » Et pendant ce temps, certains aident encore leurs enfants : 16 % des retraités versent près de 300 euros par mois à leurs descendants. Preuve ultime que la solidarité intergénérationnelle a ses limites... surtout quand elle repose sur des épaules déjà fragilisées.
Et quand 75 % des retraités se disent inquiets pour leur avenir financier, ce n’est pas de l’anxiété : c’est une alerte sociale majeure. Dans un pays qui se veut protecteur, comment tolérer qu’un quart des retraités envisage un prêt viager hypothécaire pour finir le mois ?