Les consommateurs peuvent-ils vraiment souffler ? Le gaz baisse, certes, mais après quoi ? Une flambée sans précédent. À qui profite réellement cette baisse ? Et surtout, combien de temps durera-t-elle ?
Energie : le prix du gaz baisse enfin en mai 2025, mais…
Après plusieurs mois d’envolée tarifaire, une bouffée d’air s’annonce sur le marché du gaz. À compter du 1ᵉʳ mai 2025, le prix du gaz naturel va reculer de 6,4 %. Une décrue confirmée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), qui publie chaque mois un prix repère servant de boussole aux consommateurs, désormais privés de tarifs réglementés depuis le 30 juin 2023.
Le prix du gaz recule, mais la facture d'énergie reste salée
Le détail est sans appel. Selon la grille publiée par la CRE, le prix moyen TTC du kilowattheure (kWh) pour un usage de chauffage s’établira à 0,11619 euro, tandis que celui dédié à la cuisson et à l’eau chaude plafonnera à 0,14512 euro. Quant à l’abonnement annuel, il demeure inchangé : 277,43 euros TTC pour les foyers chauffés au gaz, 114,30 euros TTC pour les autres.
Selon Selectra, cette baisse permettrait à un foyer type (consommant 11 200 kWh/an) de réduire sa facture annuelle de 88 euros, passant de 1 667 euros à 1 579 euros. Voilà pour la théorie. Mais le retour à la réalité est plus brutal : « Depuis la suppression du tarif réglementé du gaz le 30 juin 2023, la facture moyenne des ménages utilisant cette énergie a bondi de 34,48 % », rappelle Selectra.
Et si l'on remonte à janvier 2021, la note grimpe littéralement aux rideaux : +89 % en quatre ans, soit +677 euros par an en moyenne. De quoi relativiser cette "bonne nouvelle", qui ressemble parfois davantage à un simple freinage après une course folle.
Qui va vraiment en profiter ? Une baisse pour certains… pas pour tous
Attention, l’éclaircie ne touche pas tous les toits de la même manière. Seuls les contrats indexés sur les prix de marché bénéficieront mécaniquement de la baisse de mai. Les contrats à prix fixes – souvent présentés comme protecteurs – resteront à l’écart de cette accalmie. Autrement dit, si vous avez voulu jouer la sécurité il y a six mois, vous risquez aujourd’hui de regarder la baisse du gaz… de très loin.
La CRE le rappelle : « Les fournisseurs construisent librement leurs offres en fonction de leurs conditions d’approvisionnement, de leurs choix commerciaux, mais aussi des conditions contractuelles qu’ils proposent ». Autrement dit : à chacun de comparer, encore et toujours. Le devoir de conseil des fournisseurs est un impératif.
Un répit temporaire : la suite s’annonce incertaine pour les prix du gaz
L’été apportera-t-il enfin une tendance claire ? Pas vraiment. Selon Selectra, les prévisions pour juin et juillet sont en dents de scie : légère hausse en juin (+0,7 %), baisse timide en juillet (-1,2 %), avant une probable remontée en août (+2,5 %). D’ici septembre, la facture annuelle moyenne de gaz d'un ménage devrait donc stagner autour de 1 575 euros.
Et ce n’est pas tout. L’application élargie de la TVA à 20 % sur l’abonnement au gaz à partir du mois d’août risque d’enclencher une nouvelle mécanique haussière, relançant la spirale inflationniste sur les charges fixes. En clair : le gaz n’a pas fini de réserver de mauvaises surprises aux consommateurs.
Prix repère : une référence utile, mais pas une garantie
Créé pour orienter les usagers depuis la fin des TRVG, le prix repère de la CRE est un outil fondamental… mais indicatif. Il ne s’impose à aucun fournisseur, et peut varier significativement selon les coûts d’approvisionnement, les frais de stockage ou encore les conditions géographiques.
Ainsi, la CRE précise : « Le prix d’une offre à prix fixe sur un an est susceptible de différer sensiblement du prix de référence de la CRE, qui reflète les variations mensuelles et trimestrielles du prix du gaz ». Il s’agit donc d’un repère, pas d’un contrat. Quant aux consommateurs desservis par des entreprises locales de distribution (ELD), soit 5 % des clients, leur prix repère peut différer fortement.
Après un an de hausses ininterrompues, une baisse de 5,4 % du prix du gaz ne saurait être un soulagement, mais au mieux un contretemps dans une courbe qui reste orientée à la hausse. Si le gaz recule en mai 2025, ce n’est pas une victoire, c’est une pause. Une trêve, en attendant la prochaine offensive.