Un ancien ministre, des journalistes, des chercheurs… De ce cocktail naît une chaîne YouTube pas comme les autres qui pose la question éponyme : Et si l’économie sauvait l’écologie ? Sous-entendu : l’écologie est-elle prise en otage par l’idéologie ?
Écologie : cette chaîne Youtube redonne (enfin) la parole aux scientifiques
Le 8 avril 2025, au cinéma Balzac à Paris, l’ancien ministre de la Transition écologique François de Rugy et Laurent Lesage, journaliste d'enquête, ont présenté le deuxième épisode de leur chaîne YouTube Et si l’économie sauvait l’écologie ?. Cette diffusion publique s’inscrit dans un contexte tendu, celui de la récente loi interdisant tous les PFAS (per- et polyfluoroalkylées) votée par l’Assemblée nationale le 20 février. En réponse, leur émission s’intéresse aux angles morts du débat : que sont devenues la rigueur scientifique et l’analyse contradictoire dans la construction de cette loi ? Et surtout, pourquoi les scientifiques ont-ils été si peu entendus ?
L'exemple des PFAS
François de Rugy et Laurent Lesage ont dévoilé au public le deuxième épisode de leur chaîne YouTube : « Et si l’économie sauvait l’écologie ? ». Un nom volontairement provocateur, assumé par ses auteurs comme un acte de rupture pour réconcilier l'écologie avec l'économie, ces derniers estimant que l'écologie est aujourd'hui prise en otage par l'idéologie. Leur cible ? L’écologie qui se fonde sur la peur plutôt que sur la preuve, et qui se traduit – de plus en plus – dans des textes de loi. Leur angle d’attaque pour ce deuxième numéro : les PFAS, ces polluants dits « éternels », faisant ainsi écho à la loi votée le 20 février 2025 par l'Assemblée, qui vise à les interdire en France dès 2026.
Un choix éditorial assumé, tant le sujet est explosif. L’émission s’intitule « Une manipulation derrière la loi anti-PFAS ? ». Dans celle-ci, plusieurs intervenants, expriment leur inquiétude face à l’effacement du savoir scientifique dans le processus législatif. François de Rugy, en tant qu’ancien ministre de la Transition écologique, insiste sur l’importance d’un débat équilibré : « l'écologie ne peut s’envisager sans l’apport central des chercheurs ». Il évoque le cas du chercheur au CNRS Bruno Améduri, qui apparaît dans son émission, spécialiste reconnu des PFAS, dont l'interview enregistrée par France 2 a été écartée sans justification claire. Son message est pourtant clair : « Il existe deux sortes de PFAS. Les PFAS de faible masse sont toxiques tandis que les PFAS qui présentent des masses molaires très élevées sont des produits non toxiques que notre corps accepte ». Des propos qui soulèvent une question fondamentale : « pourquoi la loi française fait-elle l’amalgame entre toutes ces substances ? »
Réinformer les Français
L’émission YouTube de François de Rugy et Laurent Lesage s’adresse à un public large, sans céder au sensationnalisme. Aux côtés des deux porteurs de la chaîne, Géraldine Woessner, rédactrice en chef au Point et spécialiste des sujets environnementaux, intervient dans l'émission pour analyser, preuve à l’appui, la manière dont la loi française de février 2025 sur les PFAS a été adoptée. Selon elle, ce texte a été élaboré dans l’urgence, sous la pression d’une mobilisation citoyenne largement orchestrée, soutenue par des ONG comme Générations Futures ou Notre affaire à tous, et relayée politiquement et médiatiquement par des figures telles que Camille Étienne, militante écologiste présente à l’Assemblée nationale le jour du vote. En ce sens, « il est urgent de redonner la parole à ceux qui travaillent réellement sur ces sujets, à savoir les scientifiques et experts », insiste-t-elle.
Laurent Lesage pose la question qui fâche : « Les députés et les citoyens ont-ils été mal informés ou toute défense des PFAS était-elle marginalisée ? » La réponse implicite de la chaîne est sans détour : on ne peut légiférer durablement sans débat contradictoire, sans étude d’impact, sans analyse bénéfice-risque. Ce que tente la chaîne YouTube n’est pas une défense aveugle de l’industrie, mais une reconquête du débat par la rationalité. Comme l’explique François de Rugy, qui a été au cœur de ce système : « Les sujets écologiques sont souvent mal traités […] parce qu’il y a, et il y a toujours, une déconnexion entre le monde scientifique et l’écologie politique / les médias ».
À rebours des appels à la décroissance, la chaîne défend une écologie productive, innovante, responsable et durable, qui se traduit à travers un triptyque vertueux : écologie, science, économie. Une initiative qui touche des pans entiers de la société et vise à apporter un éclairage sur des sujets complexes.