EPR de Flamanville : EDF reporte (encore) le redémarrage au 11 avril

Alors que la montée en puissance du réacteur nucléaire EPR de Flamanville devait franchir une nouvelle étape, un énième contretemps technique a obligé EDF à repousser l’échéance. Une annonce de plus dans un feuilleton industriel sans fin.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 7 avril 2025 18h21
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90 %Même en cas de redémarrage le 11 avril, l’EPR ne pourrait livrer que 80 à 90 % de sa puissance électrique, du fait d’un rendement affaibli par un vide partiel.

Le 7 avril 2025, EDF a officialisé le report du redémarrage du réacteur EPR (réacteur pressurisé européen) de Flamanville. Initialement prévue pour le 30 mars, l’opération est désormais attendue pour le 11 avril. Ce nouveau décalage relance les interrogations sur la fiabilité de l’équipement et la capacité de l’opérateur public à stabiliser un chantier déjà marqué par douze années de retards.

Les déboires s’enchaînent pour l’EPR de Flamanville : un redémarrage en pointillés

Ce n’est pas la première fois que le retour en exploitation du réacteur est ajourné. L’arrêt de Flamanville 3, survenu le 15 février 2025, devait prendre fin fin mars. EDF a annoncé sur son site internet que « l'arrêt du réacteur de Flamanville 3 a été prolongé pour procéder à une opération de maintenance supplémentaire sur un matériel situé sur la partie nucléaire des installations ». Cette fois, il ne s’agit pas d’un incident lié au turbo-alternateur, comme précédemment, mais de vérifications sur la qualité de l’eau du circuit primaire, une procédure sensible dans le cadre de la sûreté nucléaire.

EDF précise que ces interventions ne remettent pas en cause son objectif d’une montée en puissance totale d’ici l’été. Mais à force de reports successifs, la promesse s’effrite. Ce retard s’ajoute à une longue série de contretemps qui n’ont cessé d’entraver la trajectoire de ce réacteur de nouvelle génération.

EDF face au dysfonctionnement persistant de la turbine : vers une puissance limitée ?

Derrière le report de mars, c’est une anomalie persistante de la turbine Arabelle qui inquiète. Selon La Tribune, « EDF ne parvient toujours pas à identifier la cause expliquant le dysfonctionnement de la turbine du réacteur normand ». En cause : une surchauffe localisée sur les paliers 7 et 8 du turbo-alternateur, ce qui empêche d’atteindre le vide condenseur requis pour un fonctionnement optimal. EDF a effectué plusieurs réglages, mais leur efficacité ne pourra être mesurée qu’une fois le réacteur reconnecté au réseau.

Les ajustements opérés visent à contenir les symptômes, mais la cause fondamentale du problème demeure incertaine. « Les travaux réalisés permettent de traiter les symptômes, mais non la cause, qui, elle, reste non identifiée », explique une source citée par La Tribune. Résultat : même en cas de redémarrage le 11 avril, l’EPR ne pourrait livrer que 80 à 90 % de sa puissance électrique, du fait d’un rendement affaibli par un vide partiel.

Une série de revers techniques : l’EPR à la peine depuis décembre

Le réacteur a été couplé au réseau le 21 décembre 2024, mais cette étape n’a pas marqué le début d’une exploitation stable. En moins de quatre mois, deux arrêts programmés et plusieurs incidents techniques ont été recensés. Les problèmes du turbo-alternateur ont notamment nécessité une première suspension des opérations le 22 février, suivie d’un second report le 28 février.

L’accumulation de ces interruptions nourrit le scepticisme sur la viabilité du planning défini par EDF. L’entreprise affirme que « le résultat des réglages réalisés sur les trois paliers du groupe turbo alternateur ne sera mesurable que lorsque le réacteur sera recouplé au réseau ». Mais en interne, certains envisagent déjà une opération plus lourde, avec l’installation d’un échafaudage à l’intérieur du condenseur, inaccessible sans un arrêt complet de plusieurs semaines.

L’EPR, un projet industriel devenu symbole de lenteur et de complexité

L’EPR de Flamanville est censé incarner le renouveau du nucléaire français. Il s’agit d’un réacteur à eau pressurisée de 1600 mégawatts électriques, intégrant des avancées en matière de sûreté et d’efficacité énergétique. Pourtant, depuis le début du chantier en 2007, les retards, les surcoûts et les défauts techniques se sont multipliés. La facture dépasse désormais 13 milliards d’euros.

Alors qu’en Chine, les EPR de Taishan fonctionnent à pleine puissance, celui de Flamanville donne du fil à retordre à ses exploitants. EDF projette de profiter du premier arrêt majeur du réacteur, prévu au printemps 2026 à l’issue de son cycle initial, pour lancer une inspection complète du condenseur et remplacer le couvercle de cuve.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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