Guerre des taxes douanières : voici la contre-attaque de l’UE

La politique douanière entre l’Union européenne (UE) et les États-Unis connaît un nouveau tournant. Bruxelles met en avant une stratégie d’ajustement équilibrée, entre ouverture commerciale et réponse ciblée aux mesures américaines.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 7 avril 2025 17h09
mercosur, Ursula Von Der Leyen
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20 %Cette décision est motivée par le relèvement unilatéral des barrières douanières décidé par le président américain, qui a frappé notamment les biens industriels européens d’une taxe de 20 %.

Le lundi 7 avril 2025, l’Union européenne (UE) a annoncé une mesure à double tranchant : l’imposition de nouveaux droits de douane sur certains produits américains à partir du 15 avril, suivie d’une seconde salve prévue pour le 15 mai. Une riposte claire face à l’offensive protectionniste de Donald Trump. Cette décision s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu, où les tensions commerciales refont surface à l’échelle mondiale. L’UE, tout en affichant sa volonté de dialogue, fait preuve d’une fermeté stratégique rarement vue depuis la crise de l’acier en 2018.

L’UE en alerte : une contre-attaque tarifaire à effet différé

À compter du 15 avril, puis à nouveau le 15 mai, Bruxelles imposera des droits de douane ciblés sur plusieurs catégories de produits en provenance des États-Unis. Cette décision est motivée par le relèvement unilatéral des barrières douanières décidé par le président américain, qui a frappé notamment les biens industriels européens d’une taxe de 20 %. Selon les mots de Donald Trump lui-même : « Ne soyez pas faibles ! Ne soyez pas stupides ! », une déclaration lancée juste avant l’ouverture de Wall Street, le 7 avril.

Face à cette rhétorique de confrontation, la Commission européenne a décidé de frapper vite et fort. Le commissaire au Commerce, Maros Sefcovic, a clairement annoncé lors d’un point presse : « Nous sommes prêts à utiliser tous les outils de notre arsenal de défense commerciale pour protéger le marché unique de l’UE ». Une mise en garde explicite adressée à Washington.

Union européenne : entre fermeté tactique et main tendue commerciale

Malgré l’activation du levier tarifaire, l’UE ne ferme pas la porte à un accord négocié. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a révélé une proposition audacieuse : « Nous avons proposé des droits de douane nuls pour les produits industriels. […] L’Europe est toujours prête à conclure un bon accord ». Cette proposition, selon Le Figaro, viserait à éviter une guerre commerciale destructrice et permettrait de restaurer des échanges plus équitables entre les deux blocs.

Mais Bruxelles reste lucide : les contre-mesures sont prêtes. Dans le même discours, von der Leyen ajoute : « Nous sommes également prêts à répondre par des contre-mesures et à défendre nos intérêts ». Ces mesures pourraient inclure des restrictions sur l’accès aux marchés publics européens ou un gel ciblé d’investissements transatlantiques, comme l’a évoqué Laurent Saint-Martin, ministre français du Commerce extérieur.

Les marchés dans la tourmente : une onde de choc mondiale

La réaction des marchés financiers n’a pas tardé. L’annonce américaine a déclenché une panique boursière. À New York, le Dow Jones a chuté de 2,85 %, le Nasdaq de 3,91 %, et le S&P 500 de 3,24 %. L’impact fut encore plus brutal en Asie : la Bourse de Hong Kong a plongé de 13,22 %, celle de Taïwan de 9,7 %, des records historiques selon France Info. L’Europe n’a pas été épargnée : Francfort a dégringolé de 7,86 %, Paris de 6 %, et Londres de près de 6 %.

Le pétrole n’a pas résisté non plus : le baril de WTI est tombé sous les 60 dollars, atteignant un plus bas depuis avril 2021. Les perspectives économiques à court terme s’assombrissent, les agences de notation redoutant une spirale inflationniste et une contraction du commerce mondial.

Quand Elon Musk s’invite dans le duel transatlantique

Fait surprenant : c’est Elon Musk qui a ravivé, involontairement, l’idée d’un accord transatlantique. Le milliardaire a proposé, le 6 avril, la création d’une « zone de libre-échange » entre l’Amérique du Nord et l’UE. Une suggestion qui a trouvé un écho inattendu du côté de Bruxelles. Laurent Saint-Martin a salué cette idée en ces termes : « C’est une excellente idée ».

Mais tout le monde ne partage pas cet enthousiasme. Le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, a fustigé les revirements de l’administration Trump : « C’est ridicule. Elon Musk devrait dire à Donald Trump qu’il faut arrêter les absurdités et le gâchis de la guerre commerciale ».

Vers une escalade ou une désescalade ?

Derrière l’agitation tarifaire, c’est la crédibilité du multilatéralisme qui vacille. Tandis que plus de cinquante pays auraient, selon Trump, pris contact avec Washington pour négocier, l’Europe campe sur une position double : inflexible sur la défense de ses intérêts, mais résolue à éviter un embrasement.

La suite dépendra de la réponse américaine à la proposition d’exemption réciproque. Pour l’heure, la stratégie de l’UE est limpide : préserver l’équilibre économique intérieur tout en exerçant une pression réglementée sur son partenaire historique. Une posture de fermeté qui pourrait bien redessiner les lignes du commerce mondial pour les années à venir.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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