Parc éolien : la justice enterre le plus grand projet de France

La cour administrative d’appel de Nancy a mis un terme, ce 3 avril, à ce qui devait devenir le plus grand parc éolien terrestre de France. Situé dans les Ardennes, sur le site du Mont des Quatre Faux, ce projet d’envergure, porté conjointement par EDF Renouvelables et Renner Énergies, visait à implanter 63 éoliennes sur un territoire déjà saturé par les mâts d’acier. L’annulation des arrêtés préfectoraux vient bousculer une logique d’expansion industrielle que la justice a jugée visuellement et humainement inacceptable.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 4 avril 2025 14h00
Parc éolien : la justice enterre le plus grand projet de France
Parc éolien : la justice enterre le plus grand projet de France - © Economie Matin

Un projet titanesque d’éoliennes stoppé net dans les Ardennes

L’idée était ambitieuse. Créer un parc de 226 mégawatts (MW) capable de couvrir la consommation annuelle de 249 000 habitants. De quoi rendre le Mont des Quatre Faux, situé à une quarantaine de kilomètres de Reims, emblématique de la transition énergétique hexagonale.

Mais voilà, entre les ambitions industrielles et la réalité du terrain, la fracture est apparue trop profonde. Dans son communiqué du 3 avril 2025, la cour administrative d'appel de Nancy a tranché : « les arrêtés du préfet des Ardennes autorisant l’exploitation de 63 éoliennes » sont annulés, au nom de l’intérêt général et du respect de la qualité de vie des riverains.

Des éoliennes, trop visibles et trop envahissantes

Ce qui a précipité l’annulation, ce ne sont pas les turbines elles-mêmes, mais leur concentration démesurée. Le tribunal évoque explicitement « les effets d’encerclement et de saturation visuelle pour les habitants », et souligne que « ni le relief, ni la végétation, ni des mesures de réduction pourraient masquer les éoliennes prévues par le projet », apprend-on par France Bleu. Autrement dit, dans un rayon de 10 kilomètres, les 63 mâts auraient formé une forteresse de pales, irréductible à tout camouflage. Trop, c’est trop.

Ce revers juridique est d’autant plus brutal que le projet avait franchi plusieurs étapes administratives. Pourtant, l’édifice s’est fissuré à partir de mars 2023, lorsque l’Agence régionale de santé (ARS) a émis un avis défavorable, pointant une absence d’étude acoustique actualisée. Là encore, la critique n’est pas anodine. L’évaluation du bruit généré par les éoliennes constitue un élément fondamental de validation réglementaire.

Le parc du Mont des Quatre Faux recalé, mais l’éolien toujours debout ?

Ce coup d’arrêt judiciaire ne clôt pas totalement le dossier. EDF Renouvelables et Renner Énergies disposent d’un délai de deux mois pour déposer un recours en cassation devant le Conseil d’État. Mais vu l’ampleur des critiques formulées, tant sur le fond que sur la forme, la marge de manœuvre s’annonce étroite.

Cet échec local est aussi le symptôme d’un malaise plus global. Le développement de l’éolien terrestre suscite de plus en plus de résistances, même au sein des territoires historiquement favorables à la transition écologique. Trop d’éoliennes ? Mal réparties ? Mal concertées ? Les réponses restent à construire.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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