Entrée en vigueur le 1er mars, la seconde phase de l’accord conclu en octobre dernier entre l’État et les acteurs économiques martiniquais a entraîné une baisse, attendue, des prix de milliers de produits essentiels. Une bonne nouvelle, qui témoigne de l’engagement des distributeurs à améliorer le pouvoir d’achat des habitants de l’île, encore marquée par les violences de l’automne dernier.
Martinique : les distributeurs jouent le jeu de la baisse des prix
Il flotte comme un parfum de mieux en Martinique. Après des semaines de manifestations et violences à l’automne dernier ; après la valse-hésitation institutionnelle qui, pour cause de censure du gouvernement Barnier, a repoussé l’entrée en vigueur de l’accord conclu entre l’État et les acteurs économiques locaux ; après des mois d’angoisse sociale et d’incertitudes économiques... le calme semble être enfin revenu sur l’île. La tension est retombée. Et, dans les allées des supermarchés, les prix aussi.
C’était le nerf de la guerre, et la raison première qui a poussé de nombreux Martiniquais à descendre dans la rue pour crier leur mécontentement : la vie chère, alors que sur l’île les prix sont en moyenne 14 % plus élevés qu’en Métropole. Ils grimpent même jusqu’à +40 % en ce qui concerne les prix des denrées alimentaires. Pour répondre à la grogne, l’État et les distributeurs sont parvenus, le 16 octobre dernier, à s’entendre sur un protocole d’objectifs et de moyens de lutte contre la vie chère en Martinique. Restait à le mettre en œuvre.
Des prix enfin à la baisse
C’est cet accord qui est entré en vigueur le samedi 1er mars. Ou plus précisément, la deuxième phase de l’accord, la première – la suppression des taux d’octroi de mer sur 54 familles de produits essentiels – ayant été activée par la Collectivité territoriale de Martinique (CTM) depuis le 2 janvier 2025. Depuis le début du mois de mars donc, quelque 69 familles de produits essentiels sont totalement exonérées de TVA dans les supermarchés de l’île. Une mesure qui concerne les produits alimentaires de base, comme le pain, le sucre ou les pâtes, mais aussi les fruits et légumes ou encore les boissons non gazeuses comme l’eau ou le lait.
En tout, ce sont plus de 6 000 produits du quotidien qui sont concernés par l’exemption totale de TVA. Dans un communiqué publié début mars, le préfet de la Martinique a déclaré que « les consommateurs martiniquais devraient constater cette baisse dans les prochains jours, une fois la mesure intégrée par les acteurs de la distribution dans leurs systèmes informatiques » – une mesure à laquelle les distributeurs, parties prenantes à l’accord, se sont volontiers conformés. A noter toutefois que certains biens non essentiels, comme les produits high tech, vont au contraire se voir imposer un taux de TVA supérieur, à l’exception des ordinateurs et téléphones d’entrée de gamme, dont le taux d’imposition restera nul.
L’implication décisive des distributeurs martiniquais
Pour les consommateurs martiniquais, l’entrée en vigueur de l’accord de lutte contre la vie chère représente donc une vraie bouffée d’air. Ainsi qu’une reconnaissance, sonnante et trébuchante, des spécificités inhérentes aux marchés insulaires et ultra-marins : éloignement, dépendance aux importations, étroitesse du marché local, complexités logistiques, etc. Le protocole d’accord illustre par ailleurs le volontarisme des distributeurs locaux, impliqués dès le début des discussions et sur les épaules desquels repose, in fine, le succès de l’opération. Ainsi que la pérennité du retour au calme sur une île épuisée par de trop longs jours de conflits.
En effet, « l’accumulation des efforts collectifs prévus dans le protocole d’accord permettra aux hypermarchés de procéder à une réduction de 20 % en moyenne des prix de vente actuellement pratiqués », s’est félicitée la préfecture au lendemain de l’entrée en vigueur des dernières mesures. Une manière, pour le représentant de l’État, de reconnaître et saluer l’engagement des distributeurs et acteurs locaux dans le combat contre la vie chère, et en faveur du pouvoir d’achat des consommateurs martiniquais.