La majoration de pension de retraite, actuellement attribuée aux parents de trois enfants ou plus, pourrait bientôt être réservée aux mères et élargie.
Retraite : tripatouillages en vue pour les mères de famille
Le 13 mars 2025, la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) a publié une étude portant sur une possible réforme de la majoration de pension accordée aux retraités ayant des enfants. Ses objectifs ? Réduire les inégalités entre les hommes et les femmes, apporter un soutien aux mères aux revenus modestes et relancer la natalité. Une réforme qui suscite autant d'espoirs que d'inquiétudes, car elle risque de remettre en cause un avantage acquis depuis plus de 80 ans pour les mères de famille nombreuse.
Retraite : une proposition de réforme des droits familiaux
Aujourd’hui, les parents ayant élevé au moins trois enfants bénéficient d’une majoration de pension équivalente à 10 % du montant de leur retraite. Ce système est donc proportionnel : plus la pension est élevée, plus la majoration est importante. Par exemple, une mère de trois enfants reçoit actuellement 200 euros de majoration par mois si sa pension s’élève à 2 000 euros, et 300 euros si elle perçoit 3 000 euros. Conçu pour soutenir les familles nombreuses et encourager la natalité, ce système est aujourd’hui dans le viseur d'une réforme des droits familiaux.
La DREES a publié une étude dans laquelle elle propose de modifier les règles de la majoration de pension en envisageant deux pistes : la réserver uniquement aux mères — et non plus aux deux parents — et l'ouvrir dès le deuxième enfant, voire dès le premier. Ces propositions s'appuient sur deux principaux constats : la natalité est en chute libre, et les mères voient généralement leurs revenus baisser dès la naissance de leur premier enfant ('interruptions de carrière ou du passage à un temps partiel) ce qui est beaucoup plus rare chez les hommes, les pères. Le raisonnement semble logique, mais il pose un problème de fond : en généralisant cette aide, cette piste de réforme risque de vider le dispositif de son objectif principal, qui est de soutenir les familles nombreuses.
La piste d'un système à forfait
La réforme proposée par la DREES prévoit de remplacer la majoration proportionnelle de 10 % par un forfait fixe, versé dès le deuxième enfant, voire dès le premier. Les montants envisagés par l'organisme sont les suivants : 40 euros par mois pour une mère d'un enfant, 105 euros pour deux enfants et 160 euros pour trois enfants ou plus.
Concrètement, cela signifie qu'une mère de trois enfants qui perçoit aujourd’hui 200 euros ou 300 euros par mois - grâce à la majoration de 10 % - ne toucherait plus que 160 euros avec cette nouvelle formule. De fait, les grands perdants de cette réforme seraient : les familles nombreuses.
Un alourdissement des dépenses publiques
Cette réforme suscite également des inquiétudes sur le plan budgétaire : comment financer cette uniformisation et cet élargissement des droits familiaux ? Comme le rappelle l'étude de la DREES, la majoration actuelle coûtait déjà 8,4 milliards d’euros par an en 2020 et concernait pas moins de 40 % des retraités !
Étendre cette mesure à toutes les mères d’un ou deux enfants - même avec des montants inférieurs à ceux prévus par la majoration de 10 % - entraînera inévitablement une hausse de la facture pour les contribuables français et, de fait, des finances publiques qui sont, si besoin était de le rappeler, dans un état catastrophique.
Les syndicats divisés
La proposition de réforme de la DREES divise. La Confédération française démocratique du travail (CFDT), pour sa part, la soutient. Cette dernière estime qu'elle offrirait un soutien aux mères aux revenus modestes et contribuerait à réduire les inégalités de pension entre les hommes et les femmes.
D'autres syndicats se montrent plus sceptiques. Ces derniers en effet redoutent que cette réforme - qui serait désormais uniformisée et éventuellement réservée uniquement aux mères dès leur premier enfant - ne pénalise les familles nombreuses qui bénéficiaient jusqu’ici d’une majoration équivalente à 10 % de leur pension de retraite.
Le Conseil d'orientation des retraites (COR), chargé d'analyser les pistes d'évolution des droits familiaux et conjugaux en matière de retraite, doit rendre ses conclusions à l’automne 2025.