Marche arrière toute. À peine après avoir imposé une hausse des tarifs douaniers sur les produits mexicains et canadiens, mardi 4 mars 2025, Donald Trump revoit sa copie.
Tarifs douaniers USA-Mexique-Canada : Trump fait déjà marche arrière

Imprévisible. Après avoir imposé des taxes sur une large gamme de produits dans le cadre de l'accord de libre-échange entre les États-Unis, le Mexique et le Canada (ACEUM), le président américain a décidé de les suspendre temporairement. Pourquoi ?
Trump recule sur ses tarifs douaniers avec le Mexique et le Canada
Les surtaxes mises en place en début de semaine devaient atteindre 25 % sur certains produits mexicains et 10 % sur les hydrocarbures canadiens. Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Les industriels américains, qui dépendent largement des importations en provenance de ces pays, ont immédiatement alerté sur un risque de hausse des coûts de production et de flambée des prix à la consommation. Face à leur inquiétude, mais aussi à celle des consommateurs américains, Donald Trump a annoncé jeudi 6 mars 2025 : « après avoir discuté avec la présidente du Mexique, j’ai accepté de ne plus appliquer de droits de douane sur les produits mexicains respectant le cahier des charges de l’ACEUM ». En d’autres termes, les produits mexicains et canadiens déjà conformes à l’accord commercial en vigueur sont désormais exonérés… ce qui représente l’immense majorité des exportations vers les États-Unis.
Il faut dire que les marchés financiers ont exercé une pression notable sur Donald Trump. Dès l’annonce des hausses tarifaires, plusieurs indices boursiers ont enregistré des pertes significatives, en particulier dans les secteurs automobile et agroalimentaire.
USA 🇺🇸
Pendant que D. Trump confirmait la mise en place de droits de douane envers la Chine, le Canada & le Mexique, les indices boursiers des États-Unis ont chuté en direct. pic.twitter.com/3CdMZoD0x2
— Cartes du Monde (@CartesDuMonde) March 4, 2025
Un sursis
La Maison-Blanche n’a pas seulement fait face aux réactions des entreprises et des marchés. Le gouvernement mexicain a immédiatement entamé des discussions pour protéger ses exportations. C’est finalement un échange direct avec la présidente Claudia Sheinbaum qui a conduit Donald Trump à revoir sa copie. Comme l'a tenu à le préciser Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison-Blanche, dans des propos rapportés par Le Figaro : « Cette exemption temporaire a été décidée pour que les grands constructeurs automobiles américains ne subissent pas de désavantages économiques, » leurs chaînes d’approvisionnement étant en effet largement dépendantes du Canada et du Mexique, l’imposition de nouvelles taxes aurait paralysé l’ensemble du secteur.
Les discussions commerciales entre Donald Trump et son homologue mexicaine ne se sont pas limitées aux tarifs douaniers. En arrière-plan, un autre enjeu s’est imposé : le fentanyl. Cet opioïde de synthèse fait en effet des ravages aux États-Unis, celui-ci étant responsable de dizaines de milliers de décès chaque année. Washington exige donc régulièrement du Mexique qu’il intensifie sa lutte contre le trafic de cette drogue, dont les précurseurs chimiques proviennent majoritairement de Chine avant d’être transformés au Mexique.
Le Canada, de son côté, reste des plus méfiants. « Comme je l’ai dit à plusieurs reprises, nous n’allons pas faire marche arrière sur nos droits de douane jusqu’à ce que les droits de douane américains injustifiés sur les produits canadiens soient levés » a ainsi affirmé avec fermeté, Justin Trudeau. Avec cette suspension temporaire des droits de douane, Donald Trump cherche avant tout à calmer la tempête. Mais cette décision ne signifie en rien un renoncement à sa politique protectionniste. Le président américain l’a répété à plusieurs reprises : il veut des tarifs douaniers réciproques. En d’autres termes, il exige que les produits étrangers soient taxés au même niveau que les produits américains lorsqu’ils sont exportés. La suspension des droits de douane est fixée jusqu'au 2 avril 2025.