Tarifs douaniers : ces provinces canadiennes coupent le robinet des alcools américains

Le Canada n’a pas attendu pour réagir. Face à l’augmentation des droits de douane imposés par l’administration de Donald Trump, plusieurs provinces canadiennes ont décidé d’employer les grands moyens.

Axelle Ker
By Axelle Ker Published on 5 mars 2025 14h30
Canada, province, retrait, alcools, USA, tarifs douaniers, magasins d'état, guerre économique, Trump
Tarifs douaniers : ces provinces canadiennes coupent le robinet des alcools américains - © Economie Matin

La guerre économique entre le Canada et les États-Unis s'intensifie. Depuis mardi 4 mars 2025, les habitants des provinces du Québec, de l’Ontario, du Manitoba et de la Colombie-Britannique ne trouvent plus aucune bouteille d'alcool importée des États-Unis dans les rayons de leurs magasins d'État. Une initiative qui avait été envisagée il y a un mois de cela, soit dès que Donald Trump avait affirmé son intention d'augmenter les tarifs douaniers américains sur certains produits canadiens.

4 provinces canadiennes retirent les alcools américains de leurs rayons

Pas de badinage. Le message de ces provinces canadiennes est clair : pas question de laisser Washington imposer ses règles commerciales sans riposte de leur part. Dès que Donald Trump a officialisé la hausse des droits de douane sur l’aluminium (de 10 % à 25 %), l’acier (de 5 % à 20 %) et les produits laitiers (de 15 % à 35 %), en deux coups de cuiller à pot, plusieurs provinces du Canada ont mis leurs menaces en application en supprimant les alcools américains de leurs magasins d'État, soit ceux qui détiennent le monopole de la distribution d’alcools forts sur leur territoire.

En Ontario, la Régie des alcools (LCBO), qui n'est autre que le plus grand acheteur d’alcool au monde - à hauteur de 650 millions d'euros par an pour ceux en provenance des États-Unis -  a décidé de supprimer l'ensemble des marques américaines de son catalogue. Résultat : les détaillants, bars et restaurants de cette province canadienne ne peuvent plus se réapprovisionner en whisky, vodka ou vins en provenance des États-Unis. Même mesure prise par le Québec pour la SAQ (Société des alcools du Québec), les provinces maritimes et celle du Manitoba. En Colombie-Britannique, la mesure se veut encore plus ciblée : seules les boissons en provenance des États républicains sont concernées par le retrait.

Des mesures encore plus radicales dans les cartons

L’interdiction de vente d’alcools américains au Canada n’est qu’un premier acte de la guerre commerciale dans laquelle se lancent les États-Unis, et qui s'étend bien au-delà de l'océan Atlantique. Certaines provinces canadiennes ont même décidé d'aller plus loin. L’Ontario, notamment, qui ne s’est pas contentée d’interdire l’alcool américain. Comme le rapporte en effet Ici Radio-Canada, Doug Ford, premier ministre de la province, a décidé d'annuler un contrat de 100 millions de dollars avec Starlink, l’entreprise d’Elon Musk, bras droit et ministre de l'efficacité gouvernementale de Donald Trump. Celui-ci menace par ailleurs de surtaxer de 25 % l’exportation d’électricité vers les États du nord des États-Unis. Il envisagerait même d'en couper purement et simplement le robinet, ce qui inquiète particulièrement les États frontaliers du Michigan, de New York et du Vermont, ces derniers étant fortement dépendants de l'énergie canadienne.

Donald Trump avait prévenu : il ne fera aucun cadeau. Le 47ᵉ président des États-Unis poursuit donc sa politique protectionniste qui vise à inciter les Américains à acheter des produits locaux plutôt qu’importés. En ce sens, celui-ci confirmé une hausse des tarifs douaniers sur les produits européens et chinois. Pékin a déjà répondu en appliquant des mesures de rétorsion. Bruxelles pas encore, mais sa riposte ne saurait tarder. Du côté des producteurs américains d’alcool, l’inquiétude monte.Selon les chiffres du Distilled Spirits Council of the United States (DISCUS) de 2024, le Canada représentait le deuxième plus grand marché d'exportation pour les spiritueux américains (221 millions de dollars), tandis que les États-Unis ont importé pour 622 millions de dollars de spiritueux canadiens. Ayant perdu l'un de leurs principaux marchés, ces derniers craignent que d’autres pays, autrefois partenaires commerciaux privilégiés des États-Unis, suivent l’exemple canadien et durcissent, eux aussi, leurs restrictions sur les produits américains. Les producteurs d'alcool français ne pourraient-ils pas essayer de tirer profit de cette situation... ?

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

No comment on «Tarifs douaniers : ces provinces canadiennes coupent le robinet des alcools américains»

Leave a comment

* Required fields