Filles et garçons perçoivent-ils vraiment les mêmes montants en argent de poche ? Si les sommes annoncées semblent proches, une analyse plus détaillée révèle des écarts persistants.
Inégalités salariales : les filles pénalisées dès le premier argent de poche

Le 8 mars 2025, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le Teenage Lab de Pixpay a publié la cinquième édition de son baromètre sur l’argent de poche et les inégalités. Cette étude, réalisée à partir des transactions et des habitudes financières des jeunes utilisateurs de l’application Pixpay, met en lumière des écarts entre filles et garçons. Si les montants fixes semblent similaires, les versements ponctuels et les comportements parentaux creusent une différence notable entre les deux genres.
Un écart financier qui se creuse entre les filles et les garçons avec l’âge
Sur le papier, les filles et les garçons reçoivent quasiment le même montant en argent de poche régulier, avec une différence minime de quelques centimes. Mais en réalité, les garçons finissent par percevoir en moyenne 79,9 euros de plus par an que les filles. Cet écart, encore relativement faible chez les plus jeunes, s’accentue au fil des années. Chez les adolescents de seize à dix-huit ans, il atteint 15,5 euros par mois, soit un surplus annuel de 186 euros en faveur des garçons. La raison de cette disparité réside principalement dans les versements ponctuels accordés plus fréquemment aux garçons que les filles, un phénomène qui révèle une inégalité moins visible mais réelle.
Des écarts régionaux marqués
Toutes les familles ne gèrent pas l’argent de poche de la même manière, et cela se reflète dans les différences observées entre régions. En Bourgogne-Franche-Comté, les garçons perçoivent jusqu’à quatorze euros de plus par mois que les filles, ce qui en fait la région la plus inégalitaire de France. En Normandie et dans les Hauts-de-France, d’autres inégalités marquées persistent, avec des écarts atteignant parfois douze euros mensuels, traduisant une approche moins égalitaire dans la gestion de l’argent de poche.
À l’inverse, des territoires comme les Pays de la Loire, la Corse ou le Centre-Val de Loire se rapprochent davantage de l’égalité, avec des écarts inférieurs à deux euros. Ces régions semblent favoriser une distribution plus équilibrée des ressources financières entre filles et garçons. Ces disparités suggèrent que les pratiques éducatives varient considérablement selon les régions, influençant dès le plus jeune âge la perception de l’argent et des rôles économiques au sein de la famille.
Les filles demandent plus, mais reçoivent moins
Face à ces inégalités, les filles sont plus nombreuses à solliciter des rallonges d’argent de poche. Cinquante-sept pour cent des demandes envoyées aux parents via l’application Pixpay proviennent d’elles. Pourtant, elles demandent en moyenne des montants légèrement inférieurs à ceux des garçons, avec un écart de 1,4 euro par demande. Cet effort supplémentaire ne se traduit pas pour autant par une égalité des réponses parentales. Les garçons, bien que moins demandeurs, voient leurs requêtes acceptées plus fréquemment que celles des filles, ce qui contribue à renforcer l’inégalité financière dès l’enfance.
Un partage des tâches domestiques toujours genré
Pour augmenter leurs revenus, certains adolescents proposent des services rémunérés à leurs parents. Là encore, les différences persistent. Les garçons se tournent majoritairement vers des missions extérieures comme le jardinage, les petits travaux de bricolage ou encore l’entretien des espaces extérieurs, tandis que les filles se chargent davantage des tâches ménagères, du repassage ou de la garde de leurs frères et sœurs. Cette répartition, qui semble s’établir naturellement selon les préférences et les habitudes de chacun, peut toutefois avoir un effet sur les sommes perçues.
Les travaux extérieurs sont souvent associés à une rémunération plus élevée, notamment parce qu’ils sont ponctuels et considérés comme plus physiques, tandis que les tâches domestiques, bien que régulières et indispensables, sont souvent perçues comme faisant partie des responsabilités habituelles au sein du foyer. Cette tendance, qui reflète des habitudes familiales plus qu’une volonté délibérée d’instaurer un déséquilibre, peut influencer la perception que les adolescents ont de la valeur de leur travail et des opportunités financières auxquelles ils peuvent prétendre à l’avenir.
Les parents, acteurs involontaires des inégalités
La gestion de l’argent de poche reste principalement une responsabilité maternelle au sein des familles. Dans 74% des foyers, c’est la mère qui administre les finances des enfants, une charge mentale supplémentaire qui vient s’ajouter aux nombreuses tâches qu’elles assument déjà. Les pères, bien que moins impliqués dans la gestion quotidienne, se montrent plus généreux lorsqu’ils participent, donnant en moyenne cinq euros de plus par mois que les mères.