Hépatite E : un danger silencieux sous-estimé par les autorités ?

Elle se cache dans l’ombre, touche des milliers de personnes chaque année et pourtant, peu de Français la connaissent. L’hépatite E, une maladie virale affectant le foie, inquiète de plus en plus les autorités sanitaires. Une étude récente de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) vient lever le voile sur l’ampleur de cette menace silencieuse. Quels sont les véritables risques et comment s’en protéger ? Décryptage.

Par Alix de Bonnières Publié le 9 février 2025 à 17h00
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Une nouvelle étude de l'Anses alerte sur les potentiels ravages de l'hépatite E. - © Economie Matin

Le 5 février 2025, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a publié une étude alarmante sur l'hépatite E, une infection virale qui touche le foie et se transmet principalement par voie alimentaire. En France, près de 3 000 cas symptomatiques sont recensés chaque année, un chiffre sous-estimé en raison du caractère souvent asymptomatique de la maladie. Mais cette infection peut devenir dramatique chez certaines populations à risque. Cette nouvelle étude permet d'approfondir les connaissances sur le virus et de proposer des mesures de prévention adaptées.

L'hépatite E : une maladie plus répandue qu'on ne le pense

L'hépatite E est une infection virale due au virus VHE (Virus de l'Hépatite E). Elle se transmet principalement par la consommation d'aliments contaminés, en particulier du foie de porc cru ou mal cuit. Contrairement à l'hépatite A, qui se propage via une eau insalubre dans les pays en développement, l'hépatite E s'évite également dans les pays industrialisés.

Cette maladie se transmet notamment :

  • Dans les pays en développement : par l'eau contaminée par des matières fécales humaines ou par la consommation d'aliments souillés.
  • Dans les pays industrialisés : l'hépatite E s'attrape par l'ingestion de produits issus d'animaux porteurs du virus (porc, sanglier, cerf), notamment le foie de porc cru (figatelli, saucisses de foie crues, foie séché).
  • Professionnels à risque : les vétérinaires, les éleveurs de porcs, les forestiers, les chasseurs et les travailleurs des abattoirs.

Les conséquences de l'hépatite E sur l'organisme

Bien que dans plus de 70 % des cas, la maladie soit asymptomatique, elle peut provoquer de graves complications, notamment chez les personnes vulnérables. Parmi les symptômes fréquents, on retrouve des nausées, des vomissements, de la fatigue intense, des douleurs abdominales, de la fièvre ou de l'ictère (jaunisse).

Cette maladie peut provoquer des cas graves notamment pour les femmes enceintes avec des risques de complications hépatiques pouvant être mortelles ; les immunodéprimés qui vont connaître une évolution vers une forme chronique de l'hépatite E et enfin, les personnes atteintes d'une pathologie hépatique préexistante avec un risque accumulé d'insuffisance hépatique aiguë.

Dans 15 % des cas, des atteintes neurologiques et rénales peuvent également survivre.

Ce que l'étude de l'Anses apporte de nouveau

L'étude de l'Anses met en évidence plusieurs points préoccupants :

  1. Un sous-diagnostic massif : faute de symptômes évidents, l'hépatite E est rarement identifiée, ce qui fausse les chiffres officiels.
  2. Une transmission alimentaire sous-estimée : les produits à base de foie de porc cru sont des vecteurs majeurs de contamination.
  3. Un besoin urgent de sensibilisation : les autorités sanitaires doivent mieux informer la population et les professionnels exposés.

L'Anses recommande donc un renforcement des mesures de contrôle et d'information car « L'hépatite E est une menace silencieuse qui mérite une prise de conscience collective ».

Comment se protéger contre l'hépatite E ?

Puisqu'aucun vaccin n'existe actuellement, la prévention repose sur des gestes simples mais essentiels :

  • Se laver les mains soigneusement après manipulation d'aliments crus.
  • Nettoyer les ustensiles et surfaces après contact avec du foie de porc cru.
  • Cuire les aliments à cœur (température recommandée : 71°C).
  • Limiter la consommation de produits à base de foie de porc cru (figatelli, quenelles de foie).
  • Renforcer l'hygiène dans les abattoirs et élevages.

Une réglementation à venir ?

Face aux résultats de l'étude, des experts appellent à une meilleure surveillance des produits à risque. La mise en place d'un étiquetage spécifique pour les produits carnés potentiellement contaminés pourrait être envisagée.

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