Les Français devront encore mettre la main au portefeuille en 2025. Les mutuelles de santé annoncent des hausses de tarifs qui dépassent largement l’inflation. Derrière cette augmentation, se cache une gestion coûteuse et des frais de structure en expansion. Jusqu’où ira cette spirale ?
Mutuelles : pourquoi les cotisations explosent en 2025
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Published on 8 février 2025 18h00
Les cotisations des mutuelles de santé ne cessent d'augmenter depuis plusieurs années, et 2025 ne fera pas exception. Selon The Conversation et UFC-Que Choisir, les tarifs des complémentaires santé devraient bondir de 6 % à 10 % l'année prochaine, une hausse bien supérieure à l'inflation. Les justifications avancées par les assureurs ne convainquent plus. Entre frais de gestion excessives et transfert des dépenses de l'Assurance maladie vers le secteur privé, les assurés voient leurs cotisations s'alourdir, sans contrepartie significative en termes de remboursements.
Pourquoi les mutuelles augmentent-elles autant leurs tarifs ?
Les acteurs du secteur invoquent plusieurs raisons pour expliquer cette nouvelle hausse de tarifs des mutuelles :
- Le vieillissement de la population : un argument récurrent mais discutable, puisque les patients chroniques sont déjà pris en charge par l'Assurance maladie.
- L'augmentation des coûts de santé : cependant, 80 % de cette augmentation repose sur l'augmentation des volumes de soins, et non des prix.
- Le transfert de charges de l'Assurance maladie : en 2023, la part des soins dentaires pris en charge par la Sécurité sociale a diminué, obligeant les mutuelles à compenser.
- Les frais de gestion des mutuelles : un poste de dépenses exorbitant qui représente jusqu'à 20 % des cotisations prélevées.
Ces arguments ne justifient toutefois pas l’ampleur des augmentations. Depuis 2023, les cotisations ont bondi de 20 %, alors que l'inflation cumulée ne dépasse pas 8,8 %.
Un poids croissant pour le portefeuille des assurés
Les Français soutiennent de plus en plus difficilement cette hausse des tarifs. Selon l'UFC-Que Choisir, les cotisations aux mutuelles représentent une part croissante du budget des ménages. En 2025, elles devraient atteindre 56 milliards d'euros , soit près de 2 % du PIB .
| Catégorie d'assurés | Augmentation moyenne 2024-2025 | Montant annuel moyen |
|---|---|---|
| Retraités | +25 % à 30 % | 1 800 euros |
| Actifs | +6 % à 10 % | 900 euros |
| Familles | +10 % | Variable |
Les retraités, déjà fragilisés par des retraites stagnantes, sont particulièrement touchés. Contrairement aux actifs qui bénéficient d'une prise en charge partielle de leur mutuelle par leur employeur, les seniors doivent assumer 100 % du coût de leur contrat. Un couple de retraités peut ainsi voir sa cotisation mensuelle bondir de 60 euros, soit 720 euros de plus par an.
Les frais de gestion : un scandale passé sous silence ?
Les mutuelles se défendent en pointant l'augmentation des remboursements, mais l'analyse des chiffres démontre une réalité bien différente. Seuls 75 % des cotisations reviennent aux assurées sous forme de remboursements, contre 96 % pour l'Assurance maladie.
Les frais de gestion atteignent en moyenne 20 % des cotisations, soit un niveau quatre à cinq fois supérieur à celui de l'Assurance maladie (4 %). Pire encore, ces frais ont augmenté de 3 % par an depuis 2011, atteignant 8 milliards d'euros en 2023. Une partie significative de ces coûts est liée à la communication et au marketing, au détriment des assurés.
Comment limiter la hausse des mutuelles ?
Face à cette dérive, plusieurs pistes sont avancées :
- Encadrer les frais de gestion : imposer un plafond sur les frais administratifs des mutuelles pour éviter les dérives.
- Améliorer la transparence : UFC-Que Choisir réclame l'affichage obligatoire des taux de redistribution et des frais de gestion sur les sites des assureurs.
- Encourager la résiliation et la concurrence : les assurés ont la possibilité de résilier leur contrat au bout d'un an, mais encore trop peu le font faute d'informations claires.
- Différencier l'Assurance maladie et les mutuelles : un nouveau modèle pourrait reposer sur un ticket modérateur non assurable, recentrant les mutuelles sur la couverture des soins non essentiels.
L'augmentation des tarifs des mutuelles en 2025 n'est pas une fatalité, mais le résultat d'une mécanique bien rodée où les assurés sont les grands perdants. Si la réforme du système de santé est inévitable, elle ne pourra se faire sans un contrôle accumulé des frais de gestion et une meilleure transparence des complémentaires santé. En attendant, il faut se montrer vigilants, comparer les offres et ne pas hésiter à résilier son contrat pour éviter de payer le prix fort.