L’exécutif corse réclame 200 millions d’euros à la SNCM : vers le dépôt de bilan ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 27 septembre 2013 à 7h36

Paul Giacobbi, président du Conseil exécutif Corse, pourrait être à l'origine de la mort de la SCNM. L'élu a adressé à Veolia, principal détenteur de la société de transport maritime, un courrier dans lequel il annonce qu'il va réclamer 200 millions d'euros à la société, déjà en pleine crise financière.

Copie de cette lettre recommandée, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a déjà réagi à cette annonce avec colère car la mort de la SNCM signifie la suppression de près de 2 000 emplois.

Un coup dur inattendu de la part de Giacobbi

Toute l'histoire commence en mai 2013 lorsque la SNCM est condamnée par Bruxelles à rembourser 220 millions d'euros d'aides publiques reçues entre 2007 et 2013. A l'origine de cette condamnation, une plainte de la société Corsica Ferries, concurrente de la SNCM ; à cette époque, Paul Giacobbi déclare que le remboursement est « prématuré et excessif ».

220 millions d'euros, cela représente en effet une somme gigantesque pour la SNCM : plus de deux tiers du chiffre d'affaires de l'entreprise. Paul Giacobbi semblait donc du côté de la société publique dans ce dossier.

Retournement de situation ce mercredi 25 septembre 2013 avec l'arrivée de la lettre du président de l'exécutif Corse dans le bureau du Premier ministre et dans les bureaux de Veolia. Un arrêt de mort en bonne et due forme.

Récupérer le marché de la Délégation de Service Public (DSP) ?

Les raisons qui ont poussé Paul Giacobbi à demander soudainement ce remboursement font l'objet de diverses rumeurs. Elles concernent l'obtention, le mardi 24 septembre 2013, soit la veille de l'envoi de la demande, du marché de la délégation de service public (DSP) par la SNCM. Un marché vital pour la compagnie de transport qui est en déficit de 12 millions d'euros sur l'exercice 2012.

L'article 43 de la DSP stipule en effet qu'en cas de redressement judiciaire ou de liquidation d'une société, la DSP est résiliée de droit. Paul Giacobbi pourrait donc vouloir ainsi retirer ce contrat à la compagnie.

D'autres rumeurs estiment que le président de l'exécutif Corse voudrait voir, comme le souhaitent les nationalistes de l'île de Beauté, la SNCM couler au profit d'une compagnie locale. Sans compter que Paul Giacobbi est aussi très proche de Corsica Ferries qui bénéficierait de la mort de la SNCM.

Veolia et l'Etat à la rescousse ?

Veolia, qui détient 66 % du capital, devrait voter ce vendredi 27 septembre 2013 un plan pour injecter 30 millions d'euros dans la société, pour couvrir les dettes. Une aide qui pourrait sauver les quelque 2 000 salariés de la SNCM.

Car il sera difficile de voir l'Etat français prendre en charge le dossier et injecter de l'argent dans la compagnie alors que l'Union Européenne surveille de près les agissements du gouvernement et, surtout, le budget.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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