France : l’inflation baisse, le taux du Livret A trinque

Depuis plusieurs mois, le visage de l’économie française s’est profondément transformé sous l’effet d’une inflation en recul marqué. Après des années marquées par une flambée des prix, nourrie par des chocs énergétiques et alimentaires, l’année 2024 a été celle d’une accalmie spectaculaire, et les premiers mois de 2025 confirment cette tendance.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 15 janvier 2025 à 11h00
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épargne, livret, livret A, LDDS, LEP, tendance, collecte, CDC, avril 2024 - © Economie Matin
4,9%En 2023, la France a connu une inflation de 4.9 %

Ce ralentissement de l'inflation, en apparence réjouissant, n'est pourtant pas sans conséquences, notamment pour les épargnants, dont les placements sur des livrets défiscalisés, tels que le Livret A, font les frais de cet ajustement économique.

Une inflation en voie d'extinction en France ?

En 2024, l'inflation annuelle moyenne en France a chuté à 2 % selon les données publiées par l’Insee le 15 janvier 2025, contre 4,9 % en 2023 et 5,2 % en 2022. Cette baisse, qui traduit un retour progressif à une certaine normalité économique, une inflation de 2 % est la cible de la Banque Centrale Européenne et donc de la Banque de France, est imputable à plusieurs facteurs convergents. Les prix de l'énergie, qui avaient enflammé les dépenses des ménages après la guerre en Ukraine, se sont stabilisés. En décembre 2024, ils affichaient une hausse modeste de 1,2 %, loin des pics enregistrés les années précédentes.

Dans le même temps, l'alimentation, qui avait été le moteur principal de l'inflation en 2023 avec une augmentation vertigineuse de 11,8 %, a vu son rythme de progression se calmer. En 2024, cette catégorie, essentielle pour les ménages, n'a augmenté que de 1,4 %. Les produits manufacturés, eux, ont même enregistré une légère baisse, tandis que les services ont continué de progresser à un rythme modéré.

Cependant, cette modération ne signifie pas l'absence de pressions sous-jacentes. Les tensions sur le tabac ou certains services illustrent que la bataille contre l'inflation n'est pas totalement gagnée, mais l'évolution générale est suffisamment stable pour inciter les autorités à revoir leurs dispositifs de rémunération de l'épargne.

Epargne : Les livrets défiscalisés vont voir leurs taux s’écrouler

Le Livret A, un placement emblématique en France, est au cœur des débats. Véritable boussole pour l'épargne populaire, il reflète les grandes orientations économiques du pays. Avec un taux actuellement fixé à 3 %, son rendement est aujourd'hui jugé trop généreux par la Banque de France au regard de l'inflation. Le gouverneur François Villeroy de Galhau a ainsi proposé le 15 janvier 2025 de le ramener à 2,4 % dès février 2025, une baisse substantielle qui n'est pas sans rappeler celle opérée en 2013. Le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) subira de fait le même sort.

Cette décision, motivée par la chute de l'inflation, vise également à libérer des marges pour le financement du logement social et des collectivités locales. En réduisant la charge des intérêts pour ces structures, le gouvernement espère stimuler davantage ces secteurs, tout en maintenant un dispositif attractif pour les ménages.

Le Livret d'Épargne Populaire (LEP), réservé aux ménages modestes, n'est pas épargné par ce coup de rabot. Son taux pourrait passer de 4 % à 3,5 %, tout en conservant une rémunération nette intéressante pour ses détenteurs.

Baisse de l’inflation mais baisse des taux des livrets : les ménages pris au piège

Pour les ménages, cette baisse des taux représente un signal ambigu. D'un côté, une inflation plus faible signifie un pouvoir d'achat préservé, avec une moindre érosion de l'épargne. D'un autre, la réduction des taux des livrets défiscalisés réduit mécaniquement leur rentabilité réelle. Concrètement, l'écart entre les intérêts perçus et l'inflation, qui était favorable aux épargnants en 2023, tend à se resserrer.

Cette situation incite certains à explorer des alternatives. Les placements sur des comptes à terme, les assurances-vie ou les investissements en bourse pourraient devenir plus attractifs. Toutefois, ces options comportent des risques et nécessitent une certaine expertise, ce qui limite leur accessibilité pour une grande partie de la population.

Inflation et épargne en France

L'évolution des prix et l'ajustement des taux d'épargne s'inscrivent dans un contexte plus large de mutation économique. La France, comme ses voisins européens, semble sortir d'une période de turbulences inflationnistes, mais les incertitudes demeurent. La dépendance énergétique, les tensions géopolitiques et les défis climatiques continueront de peser sur la stabilité des prix et, par ricochet, sur les politiques monétaires.

Catégorie 2023 2024 Tendance 2025 Commentaire
Inflation globale 4,9 % 2 % 1,3 % à 1,5 % Retour à des niveaux proches de la cible de 2 % de la BCE.
Énergie +5,7 % +1,2 % Stabilité attendue Forte décélération grâce à la baisse des prix du gaz et du pétrole.
Alimentation +11,8 % +1,4 % 0,5 % à 1 % Stabilisation après les hausses marquées de 2022 et 2023.
Produits manufacturés -0,4 % -0,4 % Léger recul Déflation modérée, notamment sur les biens importés.
Taux du Livret A 3 % 3 % 2,4 % Réduction pour s'aligner sur l'inflation basse et soutenir le logement social.
Taux du LEP 4 % 4 % 3,5 % Baisse progressive mais reste attractif pour les ménages modestes.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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