Après une année 2024 marquée par une crise économique et politique, les dirigeants de TPE et professionnels indépendants font face à des défis sans précédent. Une baisse d’activité, une hausse des charges et une complexité administrative accrue figurent parmi leurs principaux griefs, lit-on dans la dernière enquête du Syndicat des Indépendants (SDI).
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Une année marquée par des difficultés économiques et politiques
Dans sa dernière enquête en date auprès de ses adhérents, le Syndicat des Indépendants (SDI) tire un sombre bilan de l’année écoulée. Ainsi, 52% des dirigeants de très petites entreprises (TPE) rapportent une baisse du chiffre d'affaires sur l’année 2024. La dissolution de l’Assemblée nationale en juin et les conséquences politiques qui ont suivi ont aggravé les incertitudes. Cette instabilité a notamment freiné les décisions d'investissement et de recrutement, plongeant 91% des professionnels dans un sentiment de pessimisme face à l’avenir de leur activité.
Les fêtes de fin d'année, traditionnellement une période charnière pour de nombreux secteurs, n'ont pas été une bouffée d’air frais. D’après le bilan du SDI, 73% des entrepreneurs jugent négatif leur bilan de cette période. Dans ce contexte, 88% des dirigeants abordent 2025 avec un état d’esprit négatif, dont une part importante se dit « désabusée ».
Le coût élevé des charges a par ailleurs fortement pesé sur les TPE. La hausse des salaires (notamment du SMIC), l’inflation persistante et le remboursement des dettes Covid ont mis à rude épreuve leur trésorerie. Près de la moitié des dirigeants ont perçu moins d’un SMIC en 2024, un tiers recevant moins de 1.000 euros mensuels pour 48 heures hebdomadaires en moyenne. Cette précarité a également entraîné une réduction des effectifs dans 26% des entreprises, rendant le quotidien de ces responsables d’autant plus complexe.
Une simplification administrative et une baisse des charges exigées
Face à ces difficultés, le SDI formule une série de revendications. La priorité absolue pour 77% des chefs d’entreprise est une réduction des charges fixes. Avec des marges rognées par la conjoncture économique, cette demande reflète un besoin urgent de soulager la pression financière pesant sur les petites structures.
Parallèlement, la simplification administrative émerge comme un autre enjeu majeur. Les obligations liées à la facturation électronique ou les démarches récurrentes avec des instances comme la CPAM ou la médecine du travail représentent un poids important. Ces procédures, souvent jugées complexes et chronophages, empiètent sur le temps que les dirigeants pourraient consacrer à leur activité principale.
Des exemples concrets illustrent ces difficultés : l’usine à gaz des « obligations statutaires », les dysfonctionnements de la médecine du travail ou encore la gestion du « Décret Tertiaire » en matière de décarbonation. Ces problèmes, qui apparaissent anecdotiques pris isolément, s’accumulent pour former une véritable entrave au bon fonctionnement des TPE.
L'accès au crédit apparaît difficile pour les TPE
En outre, le durcissement de l’accès au crédit constitue un obstacle majeur au développement. Les taux d’acceptation pour les crédits de trésorerie et d’investissement ont respectivement chuté de 14 et 10 points au cours de 2024, rendant la croissance quasi impossible pour plus de deux tiers des chefs d’entreprise interrogés.
Dans ce contexte, la nomination de François Bayrou comme Premier ministre n’inspire qu’une faible confiance (5% d’avis positifs). Les attentes des dirigeants sont immenses, et les réponses concrètes tardent à venir, alimentant un climat d’incertitude qui pourrait persister en 2025.