JCDecaux, la société opératrice du Vélib, le réseau de vélos en libre service à Paris et en proche banlieue, vient de déposer un référé devant le Tribunal administratif de Paris. L’entreprise conteste la décision de la mairie d’opter pour un nouvel exploitant à compter de janvier 2018.
La Mairie de Paris porte son choix sur une offre moins onéreuse et plus performante
L’épopée Vélib a beau durer depuis des semaines, elle ne serait visiblement qu’à ses débuts. Depuis la décision de la Commission d’Appel d’Offres, les salariés de Cyclocity, filiale de JCDecaux qui exploite le réseau Vélib, ont manifesté plusieurs fois, refusant d’accepter que leur employeur avait perdu le marché. Aujourd’hui, c’est donc la société JCDecaux elle-même qui conteste la légalité de l’attribution de cet appel d’offre à son concurrent Smoovengo.
Le Syndicat Autolib’ et Vélib’ Métropole a décidé d’opter pour Smoovengo car son offre est moins chère, ses vélos sont plus solides, plus légers et plus résistants au vandalisme. De plus, Smoovengo promet d’équiper 30 % de ses vélos d'une motorisation électrique. Le contrat, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2018, sera conclu pour une durée de 15 ans.
Le Vélib, un modèle économique très particulier
Si la première décennie de l’exploitation du réseau Vélib a été onéreuse pour les finances municipales, cela est notamment dû à la nature des contrats liant la mairie à JCDecaux.
Précisons tout d’abord que le Vélib repose sur un modèle très particulier. Lorsque JCDecaux loue aux annonceurs ses espaces publicitaires disséminés à travers Paris, il perçoit des revenus. Grâce à ces revenus, JCDecaux exploite le réseau Vélib. Pour chaque trajet effectué par un usager, l’entreprise perçoit une indemnité de la part de la Ville de Paris. En échange, JCDecaux règle à la Ville de Paris des loyers pour l’occupation d’emplacements sur la voie publique. Le modèle est censé être bénéfique aux deux parties : JCDecaux se garde la différence entre les revenus perçus et le prix de revient de l’exploitation du réseau, tandis que la Ville de Paris encaisse des revenus au titre de loyers.
Le Vélib de JCDecaux serait très coûteux pour les finances municipales
Mais dans les faits, cela n’a pas l’air de marcher comme prévu. Un rapport d’audit du contrat Vélib produit par l’Inspection Générale de la Mairie de Paris en février 2016 révélait que le nombre de vols et de destructions de vélos avait été sous-estimé au moment de la signature en 2007. Pour chaque vélo volé ou détruit, la Mairie de Paris verse 400 euros à JCDecaux, un montant jugé disproportionné quand on sait qu’un vélo de ce type coûte 610 euros. En tout, le vandalisme coûterait 1,6 million d’euros par an en moyenne à la Ville de Paris.
Par ailleurs, le rapport révèle que JCDecaux n’a pas systématiquement remplacé les vélos hors service (ce qui relève pourtant de ses obligations), laissant la Mairie de Paris régler la note. À ce jour, le montant non recouvré de cette créance de la Ville de Paris est chiffré à 4,5 millions d’euros. Enfin, un avenant avait été conclu entre la Ville et JCDecaux qui permettait à ce dernier de bénéficier d’une double prise en charge par la mairie en déclarant un même vélo à la fois volé et détruit.