Malgré des efforts colossaux, l’objectif d’Airbus de llivrer 770 avions n’a pas été atteint, pour très peu. Mais qu’est-ce qui explique cet écart si minime, et quelles en sont les conséquences pour le groupe ?
Livraisons d’avions : l’avionneur européen Airbus toujours numéro 1 mondial, mais…
766 avions livrés sur les 770 prévus. À première vue, l’écart semble dérisoire. Pourtant, ce résultat révèle des enjeux plus profonds pour Airbus.
Airbus : un rythme de production en progression, mais encore loin des niveaux pré-Covid
En 2024, Airbus a livré 766 appareils, soit seulement quatre de moins que son objectif initialement ajusté. Ce résultat, bien que très légèrement en deçà des attentes, reste notable. La production a été ralentie par des retards dans la livraison de moteurs et d’aérostructures, comme les fuselages et les ailes, fournis par des partenaires tels que Spirit et CFM. Ces problèmes ont également affecté les équipements intérieurs, notamment les sièges, empêchant Airbus d’atteindre ses objectifs.
Christian Scherer, directeur général des avions commerciaux d'Airbus, a reconnu certaines difficultés tout en soulignant les progrès réalisés par rapport à 2023.
Depuis la crise sanitaire, Airbus cherche à retrouver sa capacité de production d’avant 2019, où il avait atteint un record de 863 avions livrés. Bien que les 766 appareils livrés en 2024 (123 rien qu'au mois de décembre 2024) représentent une hausse de 31 unités par rapport à 2023, le groupe reste encore loin de ses performances passées.
La production des monocouloirs, en particulier la gamme A320 neo, a progressé avec 602 appareils livrés. Cependant, l’objectif ambitieux de produire 75 avions par mois a été repoussé à 2027, que le groupe devait initialement réaliser en 2025. Sur le segment des gros-porteurs, les résultats restent mitigés avec 142 appareils livrés (82 A330 et 57 A350), un chiffre inférieur à celui de 2023.
Des retards qui pèsent sur la compétitivité face à Boeing
Malgré ses propres difficultés, Airbus conserve son rang de numéro un mondial, largement devant Boeing. L’avionneur américain, confronté à des problèmes de production et à une grève de 50 jours en 2024, n’a livré qu’environ 350 avions, à des années lumières des performances de son concurrent européen.
Cependant, les retards d’Airbus posent un défi majeur : gérer un carnet de commandes record de 8 658 appareils. À ce rythme, il faudrait plus de dix ans pour honorer toutes les livraisons, ce qui pourrait décourager certains clients. L'enjeu est donc de résorber ces retards tout en maintenant la qualité et la satisfaction des compagnies aériennes.
Airbus dévoilera ses objectifs pour 2025 lors de la présentation de ses résultats annuels en février 2025. Les prévisions des analystes, comme celles de Jefferies et Bank of America, anticipent un objectif de livraisons compris entre 800 et 820 appareils.
Les améliorations attendues sur les chaînes d’approvisionnement, notamment pour les moteurs, pourraient offrir un peu de répit. Par ailleurs, l’appréciation du dollar pourrait générer des gains financiers pour Airbus, qui vend en dollars, mais établit ses comptes en euros. Les compagnies aériennes s’attendent à transporter un nombre record de passagers en 2025 : 5,2 milliards de personnes