Exportations d’armement : 18 milliards d’euros en 2024, un levier pour l’économie française

Avec des ventes atteignant 18 milliards d’euros en 2024, la France s’affirme comme un leader mondial dans l’exportation d’armements. Cette performance repose sur des contrats stratégiques et une diplomatie économique efficace, mais soulève aussi des interrogations sur la souveraineté industrielle et les dépendances commerciales.

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Par Nicolas Egon Publié le 10 janvier 2025 à 5h54

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé que les exportations d’armement françaises avaient atteint 18 milliards d’euros en 2024. Ce montant, bien qu’en deçà du record de 27 milliards d’euros enregistré en 2022, représente un bond significatif par rapport à 2023 (8,2 milliards d’euros). L’année 2024 s’inscrit donc comme la deuxième meilleure performance historique de l’industrie de défense française, propulsée par des commandes internationales stratégiques et une demande croissante liée aux tensions géopolitiques.

Un secteur stratégique pour l’économie française

Les exportations d’armement ne représentent pas seulement un succès industriel ; elles constituent aussi un levier économique majeur. En 2024, les ventes internationales ont permis de consolider des milliers d’emplois dans des secteurs comme l’aéronautique, la construction navale et les systèmes de défense. Avec 18 milliards d’euros de commandes, l’armement contribue directement à améliorer la balance commerciale française, essentielle pour une économie confrontée à un déficit énergétique structurel. Le ministre des Armées a d’ailleurs rappelé que « chaque contrat exporté soutient des emplois sur tout le territoire français ». La filière mobilise environ 200 000 salariés, répartis sur des sites stratégiques comme Mérignac (Dassault Aviation), Cherbourg (Naval Group) ou encore Satory (Nexter).

Cependant, l’industrie de défense française reste fortement dépendante des commandes internationales. Les volumes de commandes domestiques, bien qu’en progression, ne suffisent pas à garantir la rentabilité des entreprises du secteur. Cette dépendance soulève des questions sur la souveraineté industrielle de la France, particulièrement dans un contexte où les contrats internationaux peuvent être soumis à des pressions géopolitiques ou diplomatiques.

Les raisons du succès en 2024

L’augmentation des exportations en 2024 repose sur plusieurs succès commerciaux majeurs :

  • Le Rafale de Dassault Aviation, vendu à 12 exemplaires à la Serbie, a également permis de finaliser la livraison de 18 appareils à l’Indonésie, dans le cadre d’un contrat global de 42 unités.
  • Les sous-marins Barracuda de Naval Group, commandés par les Pays-Bas, représentent un contrat stratégique de 5,6 milliards d’euros. Ces équipements, réputés pour leur furtivité et leur polyvalence, renforcent la position de la France sur le marché des technologies navales.

Ces équipements symbolisent la montée en gamme de l’industrie de défense française, capable de répondre aux besoins diversifiés des armées modernes. Leur succès à l’international repose sur leur fiabilité, mais aussi sur une diplomatie commerciale proactive. La montée des tensions internationales, notamment en Asie-Pacifique et en Europe de l’Est, a dopé les budgets militaires. Les gouvernements investissent dans des programmes de modernisation de leurs équipements pour faire face à des menaces de plus en plus complexes. Cette conjoncture a bénéficié aux industriels français, qui ont su se positionner comme des partenaires de confiance.

Un contexte international favorable mais compétitif

Sur le marché mondial de l’armement, la France doit affronter des géants comme les États-Unis, leaders incontestés avec leurs programmes F-35, ou la Chine, qui séduit des pays en développement avec des équipements moins coûteux. La Russie, malgré les sanctions internationales, reste également un acteur clé sur certains marchés régionaux.

Face à cette concurrence, la France mise sur la qualité de ses produits, mais aussi sur sa capacité à proposer des solutions adaptées aux besoins spécifiques de ses clients. Cette approche différenciée s’est avérée particulièrement efficace en 2024, mais nécessite un effort constant d’innovation.

Pour maintenir cette dynamique, l’industrie française devra relever plusieurs défis :

  • Accélérer l’innovation, notamment dans les technologies émergentes comme les drones autonomes ou la cyberdéfense.
  • Renforcer sa souveraineté industrielle, en développant des équipements capables de répondre aux besoins nationaux tout en réduisant les dépendances extérieures.
  • Diversifier les marchés, afin de réduire les risques liés à une trop forte concentration des exportations vers certaines régions stratégiques.

Le début d’année 2025 semble prometteur, avec déjà la signature d’un contrat pour 14 hélicoptères Caracal destinés à l’Irak. Cependant, la concurrence internationale et les tensions géopolitiques pourraient limiter la marge de manœuvre de la France sur certains marchés.

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