Coût de l’énergie : les Français pourront-ils supporter un hiver rigoureux ?

À l’aube de l’hiver 2024-2025, l’inquiétude grandit quant à la capacité des Français à faire face à une éventuelle période de grand froid. La hausse continue des prix de l’énergie et l’augmentation du nombre de ménages en situation de précarité énergétique suscitent de nombreuses interrogations. Qu’en est-il de leur préparation pour affronter ces mois glacés ?

Par Alix de Bonnières Publié le 21 décembre 2024 à 15h00
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Cet hiver, les Français ont peur d'avoir froid et de ne pas arriver à payer les factures d'énergie. - © Economie Matin

La précarité énergétique : une réalité alarmante

La précarité énergétique, définie comme l'incapacité à maintenir son logement à une température décente, touche près de 12 millions de Français selon les dernières données. Parmi eux, environ 4,8 millions de foyers déclarent avoir restreint leur chauffage cet hiver en raison de coûts élevés. Cette situation s'aggrave dans un contexte où les prix des principales sources d'énergie continuent de grimper.

Source d'énergie Coût moyen hiver 2024 (€/MWh) Évolution annuelle (%)
Gaz naturel 130 +15 %
Électricité 170 +12 %
Fioul domestique 120 +10 %
Granulés de bois 85 +20 %

Les foyers les plus touchés se situent principalement en zones rurales et périurbaines, où les alternatives au chauffage au fioul ou au bois sont limitées.

Les Français sont-ils prêts à affronter le froid ?

Historiquement, les Français se montrent réticents à supporter des températures trop basses à domicile. Le thermostat moyen des foyers français avoisine 19°C, soit bien au-dessus des recommandations des autorités, qui conseillent 18°C ​​pour limiter la consommation énergétique. Cette préférence pour le confort thermique s'oppose aux réalités économiques actuelles. Les ménages doivent désormais arbitrer entre leur santé, leur bien-être et leurs capacités financières.

Une récente enquête* menée en septembre 2024, montre que 45 % des Français estiment ne pas avoir le budget nécessaire pour maintenir leur logement au chaud cet hiver. De nombreux ménages susceptibles d'adopter des solutions économiques, quittent à subir une baisse de confort. 30 % des foyers interrogés envisagent de réduire leur consommation de chauffage, tandis que 15 % envisagent des prêts ou aides sociales pour couvrir les factures énergétiques.

« Nous allons réduire le chauffage dans certaines pièces, même si cela signifie vivre dans des conditions difficiles », confie une mère de famille à Lyon.

Par ailleurs, une partie croissante de la population fait preuve de résilience. Les systèmes de chauffage alternatifs tels que les poêles à bois ou les pompes à chaleur connaissent une augmentation des installations, bien que leur coût initial reste prohibitif pour les ménages les plus modestes.

Le rôle clé des aides publiques et des gestes solidaires

Face à cette crise énergétique, le gouvernement a annoncé un renforcement des aides. Le chèque énergie, d'un montant moyen de 200 euros, bénéficiera à près de 6 millions de ménages cette année. De plus, des dispositifs locaux d'entraide voient le jour, comme les banques de chaleur ou les prêts de couvertures thermiques.

Cependant, les experts pointent une insuffisance de ces mesures pour répondre à la flambée des coûts. En effet, pour un logement mal isolé, les dépenses de chauffage peuvent atteindre jusqu'à 3 000 euros par hiver, bien au-delà de l'aide apportée.

L'hiver 2024-2025 s'annonce comme un test majeur pour les Français, pris en étau entre des coûts énergétiques en hausse et des moyens financiers souvent insuffisants. Les efforts collectifs et les innovations énergétiques seront déterminants pour permettre aux foyers les plus vulnérables de traverser cette période difficile.

*Enquête réalisée entre le 5 et le 13 décembre 2024 auprès de 6 311 personnes réparties sur l'ensemble du territoire français âgées de 18 ans. Sondage national effectué en ligne, sur le panel propriétaire BuzzPress France (27 500 personnes). Réponses compilées et pondérées en fonction de quotas préétablis visant à assurer la représentativité de l'échantillon et afin d’obtenir une représentativité de la population visée.

Toutes les pondérations s'appuient sur des données administratives et sur les données collectées par l’INSEE.

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