La dépendance au gaz russe est-elle en passe de devenir une relique du passé ? Un géant autrichien décide de trancher dans le vif en stoppant un contrat historique de plus de 50 ans avec Gazprom.
Gaz : le leader de l’énergie autrichienne tourne le dos à Gazprom
Alors que la guerre en Ukraine bat malheureusement toujours son plein, une entreprise européenne de l'énergie de premier plan fait un choix qui pourrait bien accélérer la reconfiguration du marché du gaz.
OMV et Gazprom : la fin d’une ère d'un demi-siècle
OMV, acteur majeur du secteur énergétique autrichien, détenue environ à 30 % par l'État, a tourné une page en résiliant un contrat vieux de plus de 50 ans avec Gazprom, le géant russe du gaz. Ce partenariat, signé en 1968 avec l’Union soviétique à l'époque, a été une pierre angulaire de l’approvisionnement énergétique de l’Autriche. Le contrat, prolongé en 2006 et initialement prévu jusqu’en 2040, s’est brutalement terminé en raison des « multiples violations des obligations contractuelles » par Gazprom. Cette rupture marque la fin d’une dépendance qui, encore cet été, représentait près de 90 % des importations de gaz autrichiennes, notamment via l'Ukraine.
Les tensions ont atteint leur paroxysme après qu’OMV a remporté une procédure d’arbitrage lui permettant de réclamer 230 millions d’euros à Gazprom pour des problèmes d’approvisionnement passés. En réponse, Gazprom a interrompu ses livraisons en novembre 2023, aggravant une crise déjà tendue. La Russie ne fournissait déjà plus de gaz à l'Autriche depuis le 16 novembre 2024.
L’Autriche prépare l’après gaz russe
Face à cette crise, OMV affirme avoir sécurisé son approvisionnement énergétique grâce à une stratégie de diversification. Désormais, l’entreprise mise sur sa propre production en Norvège et en Autriche, des collaborations avec des tiers, ainsi que sur des importations de gaz naturel liquéfié (GNL). Cette transition, bien que coûteuse et complexe, permet à l’Autriche de réduire sa dépendance à la Russie, tout en répondant aux besoins de ses consommateurs. Comme l’a souligné le chancelier autrichien Karl Nehammer sur X, OMV reste « bien préparé pour garantir la sécurité énergétique ».
La fin de ce contrat emblématique a secoué les marchés européens. Les prix du gaz ont bondi, avec le contrat TTF de novembre 2024 en hausse de 23 %, clôturant à 47,81 €/MWh. À l’horizon 2027, l’Union européenne ambitionne de se libérer totalement du gaz russe, mais cela reste encore difficile à atteindre.