Patrimoine de la France : en 2023, des centaines de milliards sont partis en fumée

En cette fin d’année 2024, c’est le choc : le patrimoine économique national a chuté de 4,2 % entre 2022 et 2023. Du jamais vu depuis quasiment 10 ans et, surtout, une inversion de tendance majeure par rapport à la période 2015-2022. La perte, en valeur ? Elle est évaluée à plusieurs centaines de milliards d’euros...

La France, un pays moins riche ? La baisse du patrimoine interpelle

Avec une contraction de 4,2 % en 2023, le patrimoine de la France et des Français semble en perte de vitesse. La valeur des actifs, en particulier l’immobilier, joue un rôle central dans cette dégringolade. La baisse des prix des terrains bâtis, qui a atteint un vertigineux -13,7 %, est emblématique de cette tendance. Les ménages, qui détiennent près de 78 % du patrimoine national estimé par la Banque de France à 18.674 milliards d’euros fin 2023, en subissent directement les conséquences.

Pourtant, tout n’est pas à jeter : les bâtiments, notamment résidentiels, ont vu leur valeur augmenter de +3,8 %, un maigre réconfort face à l’effondrement du foncier. Pourquoi cette dichotomie ? Le durcissement des conditions d’emprunt, lié à la hausse des taux d’intérêt, a fait chuter la demande immobilière, réduisant mécaniquement les valorisations. Les Français, si attachés à la pierre, revoient-ils leur copie ?

Le patrimoine des ménages chute de plus de 100 milliards d’euros

Une légère baisse de la valeur du patrimoine des ménages

Le patrimoine des ménages s’élève à 14 567 milliards d’euros, en baisse modérée de -0,9 %, soit une chute en valeur de 132 milliards d’euros en un an. Et si la perte est en moyenne inférieure à la baisse de valeur du patrimoine national, c’est uniquement grâce à la hausse des actifs financiers.

• Les actifs immobiliers, qui constituent 91,3 % des biens non financiers des ménages, reculent de -4,7 %.
• Le patrimoine financier net, à l’inverse, bondit de +8,3 %, compensant partiellement la baisse immobilière.

Cette inversion des tendances traduit une réallocation stratégique des ressources : les Français placent davantage dans des actifs financiers, profitant de la reprise boursière (+15,3 % pour l’indice SBF 120). Les produits réglementés, comme les livrets et les dépôts à terme, attirent également un regain d’intérêt grâce à leur meilleure rémunération.

Un focus sur l’immobilier : la fin d’une ère dorée ?

L’immobilier, longtemps le pilier du patrimoine des ménages, est fragilisé. Les terrains bâtis, autrefois le moteur de la valorisation, subissent une correction sans précédent, tandis que les logements peinent à maintenir leur attractivité avec une progression limitée à +4,1 %. Le resserrement monétaire imposé par la Banque centrale européenne (BCE), avec des taux directeurs passant de 2,5 % à 4,5 %, a ralenti le crédit immobilier (+1,1 % en 2023 contre +4,9 % en 2022), freinant mécaniquement les transactions.

Les entreprises et l’État : les grands perdants en 2023

Les sociétés non financières : des ajustements brutaux

Le patrimoine des sociétés non financières a chuté de -10,0 %, atteignant 3 297 milliards d’euros. La baisse des terrains bâtis (-12,8 %) et la montée des coûts d’investissement en sont les principaux responsables. Malgré une hausse des actifs fixes (+4,8 %), les entreprises peinent à compenser cette dévaluation.

Les administrations publiques sous tension

L’État français n’est pas épargné. La valeur de son patrimoine dégringole et recule de -27,5 %, un effet combiné de la hausse des passifs financiers (+6,4 %) et de la baisse des actifs non financiers (-3,7 %). Avec une valeur estimée par la Banque de France à 786 milliards d’euros fin 2023, le patrimoine des administrations chute de 299 milliards en un an.La dette publique, mesurée en valeur de marché, a grimpé de 6,7 %, accentuant les pressions budgétaires. Comment gérer un patrimoine en contraction face à une dette croissante ?