Alimentation : les industriels veulent vous faire payer plus cher

Alors que la France commence à sortir d’une spirale inflationniste qui a vu la hausse des prix atteindre des records et allègrement dépasser 4 % voir 6 %, les industriels de l’agroalimentaire veulent relancer la tendance. Ils aimeraient bien que la grande distribution fasse grimper les prix de vente… et donc le prix payé par les consommateurs.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 12 décembre 2024 à 6h09
Alimentation : les industriels veulent vous faire payer plus cher
Alimentation : les industriels veulent vous faire payer plus cher - © Economie Matin
1,3%L'inflation a ralenti à 1,3% en novembre 2024.

Nicolas Facon, président directeur général de l’Ilec, était l’invité de BFM Business le 11 décembre 2024. Il critique fermement les pratiques actuelles des distributeurs et des centrales d’achats européennes dans un contexte où les industriels demandent une hausse médiane des prix de 4 %.

Les industriels veulent faire grimper les prix de l’alimentation

Les industriels de l’agroalimentaire, regroupés au sein de l’Ilec, demandent une augmentation médiane de 4 % sur les produits. Très précisément, selon le président de l’Ilec, la moitié des produits verraient une augmentation inférieure à 4 %, tandis que l’autre moitié dépasserait ce taux. « En 2022 et 2023, un choc d'inflation a touché tout le monde. Les coûts de production de nos adhérents ont augmenté de 4,5 milliards d'euros sur deux ans alors qu'ils n'en ont répercuté que 3 milliards. Leurs marges ont donc baissé », explique-t-il sur BFMTV

Il souligne que cette hausse est motivée par plusieurs facteurs économiques :

  • Augmentation des matières premières : Produits comme le lait, le beurre, la viande bovine, le riz et le café.
  • Coûts énergétiques : L’électricité coûte « 74 % plus cher qu’en 2021 ».
  • Hausses salariales : Les salaires ont augmenté de « 16 % en quatre ans ».

Ces coûts en forte hausse ont réduit les marges des industriels, qui demandent donc à compenser ces pertes pour maintenir leur rentabilité.

La grande distribution et les centrales d’achats en cause selon l’Ilec

Nicolas Facon critique également les attentes des distributeurs, qu'il considère comme irréalistes : « Le discours de la grande distribution de réclamer des baisses de 10 à 15 % est complètement décorrélé de la réalité économique. » Il pointe également du doigt les centrales d’achats européennes, qui négocient à l’étranger pour éviter la régulation française. Il observe : « La délocalisation des négociations à l'étranger pour trois centrales sur quatre nous inquiète vraiment. »

Selon lui, cette pression crée des déséquilibres structurels qui pourraient avoir des effets déstabilisateurs non seulement en France, mais aussi dans d’autres pays européens comme l’Allemagne et l’Espagne.

Hausse des prix de l’alimentation : quelles conséquences pour les consommateurs ?

Si les revendications des industriels étaient acceptées, les consommateurs pourraient être confrontés à des augmentations de prix. Cependant, l’impact réel dépendra des négociations finales et de la capacité des distributeurs à absorber une partie des hausses.

Nicolas Facon avertit également sur BFMTV des conséquences inverses si les pressions des distributeurs se poursuivent sans ajustements de prix : « Si on n'arrive pas à se mettre d'accord, non seulement vous aurez des répercussions en France mais vous aurez des répercussions en Allemagne, en Espagne. »

Les consommateurs pourraient donc :

  1. Payer davantage pour des produits de base, notamment ceux très affectés par l’augmentation des matières premières.
  2. Subir une déflation industrielle, entraînant une possible diminution de l’offre ou une détérioration de la qualité des produits.

La hausse médiane demandée par les industriels, fixée à 4 %, pourrait n’avoir qu’un impact modéré sur le niveau global de l’inflation alimentaire en France, en fonction de sa répercussion effective sur les prix à la consommation. Cependant, il est à noter que l’inflation alimentaire était déjà l’un des principaux moteurs de l’inflation générale en 2023, en raison de l’augmentation des coûts énergétiques et des matières premières. Alors qu’elle se tasse, comme le montrent les dernières données de l’inflation publiées par l’Insee qui n’annonce que 1,6 % de hausse des prix sur un an en novembre 2024, est-ce vraiment le moment de relancer les augmentations ?

Reste que Nicolas Facon met en garde : un phénomène de déflation industrielle pourrait nuire à long terme aux consommateurs si la chaîne de production devient insoutenable économiquement pour les producteurs.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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