Croissance : une fin d’année 2024 atone pour la France

Le 10 décembre 2024, la Banque de France a dévoilé son enquête mensuelle de conjoncture, dressant un tableau contrasté de l’économie française à l’approche de la fin d’année. Alors que le pays fait face à des pressions multiples – politiques, fiscales, et énergétiques – la croissance économique stagne.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 11 décembre 2024 à 7h30
croissance 2024 - Banque de France
Croissance : une fin d’année 2024 atone pour la France - © Economie Matin
3,3%L'OCDE prévoit une croissance mondiale de 3,3% en 2025.

La Banque de France est claire dans sa note de conjoncture : « Sur la base des résultats de l’enquête, complétés par d’autres indicateurs, nous estimons que l’activité sous‑jacente se maintiendrait sur sa tendance de progression légèrement positive au quatrième trimestre. Ceci se traduirait par un niveau du PIB à peu près inchangé par rapport au trimestre précédent, compte tenu du contrecoup de l’effet JO, estimé à – 0,2 point de PIB. »

La croissance français sera nulle au dernier trimestre 2024

La Banque de France prévoit ce mardi 10 décembre 2024 une croissance nulle pour le dernier trimestre 2024. Après un troisième trimestre marqué par une hausse du PIB de 0,4 %, dopée par l'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, l'économie peine à maintenir cet élan. Selon l’institution, l’impact direct des Jeux a contribué à hauteur de +0,2 % au PIB au troisième trimestre, mais ce moteur s’est essoufflé, retirant autant de points au dernier trimestre.

Croissance trimestrielle du PIB, 2024 :

Trimestre Variation trimestrielle (%) Facteurs dominants
T1 2024 +0,1 Résilience des services, faible demande externe
T2 2024 +0,2 Exportations stables, hausse modérée des investissements
T3 2024 +0,4 Effet Jeux Olympiques, consommation touristique
T4 2024 (prévision) 0,0 Contrecoup des Jeux, stagnation industrielle

Olivier Garnier, directeur général des statistiques et études économiques de la Banque de France, décrit cette situation comme une combinaison de « résilience et d’incertitudes », soulignant le rôle du contexte politique et fiscal dans l’érosion des anticipations économiques.

Quelles croissance pour la France en 2024 ? en 2025 ?

Une reprise fragile attendue en 2025

Pour 2024, la croissance annuelle est estimée à 0,8 % par la Banque de France, marquant un ralentissement par rapport à 2023 (+1,3 %). Ce chiffre reste supérieur à celui de certains voisins européens comme l’Allemagne (+0,6 %) et l’Italie (+0,5 %), mais inférieur aux attentes initiales.

En 2025, une légère reprise est envisagée avec une croissance prévue à 1,2 %, portée par :

  • La normalisation des chaînes d’approvisionnement.
  • Une amélioration potentielle du contexte énergétique.
  • Des mesures de soutien à l'investissement public.

Une estimation finalement supérieure à celle de l'OCDE, revue à la baisse en décembre 2024 et qui ne table désormais plus que sur une croissance de 0,9% pour la France pour 2025.

Croissance annuelle du PIB (France et UE) :

Année France (%) Zone euro (%) Allemagne (%) Italie (%)
2023 1,3 1,5 1,0 0,9
2024 (prévu) 0,8 1,0 0,6 0,5
2025 (prévu) 1,2 1,4 1,0 0,8

Quels secteurs de l’économie française s’en sortent ?

Industrie : un pilier en difficulté

En novembre 2024, l’activité industrielle a été quasi stable, mais les perspectives pour décembre indiquent un repli. Les industriels sont confrontés à :

  • Des coûts énergétiques élevés : Les prix de l’électricité et du gaz ont augmenté de 15 % en moyenne sur l’année.
  • Une faible demande externe : Les exportations vers la Chine et les États-Unis, deux partenaires majeurs, ont reculé de 2,8 % sur les neuf premiers mois de 2024.

Services marchands : un moteur en ralentissement

Les services, notamment dans le secteur touristique, ont bénéficié de l'effet Jeux Olympiques, mais la demande intérieure fléchit. En novembre, les dépenses des ménages dans les services ont augmenté de seulement 0,3 %, contre +0,7 % au même mois en 2023.

Bâtiment : une crise prolongée

Le bâtiment reste l’un des secteurs les plus touchés. La contraction de l’activité se poursuit en raison :

  • D'une hausse des coûts des matériaux (+9 % en un an).
  • D'une baisse des commandes publiques (-5 % au T3 2024).

La croissance de la France en berne, mais pourquoi ?

1. Instabilité politique :
Les récents conflits à l’Assemblée nationale, la censure du gouvernement et les tensions sur la réforme fiscale ont accru l’incertitude, freinant l’investissement. L’indicateur de confiance des chefs d’entreprise est tombé à 92 points en novembre, un niveau équivalent à celui de la crise énergétique de 2022.

2. Fiscalité alourdie :
Les hausses d'impôts sur les revenus des ménages aisés et sur les bénéfices des entreprises, annoncées en septembre 2024, limitent la consommation et l'investissement. Le taux d’épargne des ménages reste élevé à 16,5 %, traduisant une réticence à dépenser.

3. Énergie :
La transition énergétique pèse sur les coûts de production, et les subventions pour les énergies renouvelables sont jugées insuffisantes par les industriels.

L’économie française se trouve à un carrefour en cette fin 2024. Entre résilience et incertitude, le pays doit relever des défis structurels et conjoncturels pour retrouver une trajectoire de croissance soutenue. L’année 2025 changera-t-elle la donne ?

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

Aucun commentaire à «Croissance : une fin d’année 2024 atone pour la France»

Laisser un commentaire

* Champs requis