Cachée dans le Nord de la France, une innovation industrielle commence à faire du bruit. Tandis que l’Europe cherche à réduire sa dépendance aux géants asiatiques, une initiative locale pourrait bien redessiner les contours du marché des batteries pour véhicules électriques.
Grâce à AAC, les batteries des voitures électriques seront construites en France
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Publié le 9 décembre 2024 à 11h25
20 %L’usine prévoit de produire 2 000 packs en 2024. Certes modeste, cette capacité augmentera rapidement pour atteindre 150 000 unités en 2025 et 2,5 millions d'ici à 2030, soit 20 % du marché européen.
À l’ombre des géants asiatiques, la France tente de faire sa place dans le domaine des batteries électriques. Un projet industriel d’envergure se dessine.
Batteries électriques : le pari d’une production 100 % française
La gigafactory de Billy-Berclau, dans le Pas-de-Calais, porte de grandes ambitions. Fruit de l’union entre Stellantis, TotalEnergies Saft et Mercedes sous le nom d’Automotive Cells Company (ACC) en 2020, cette usine marque un tournant stratégique pour l’Europe. L’objectif est clair : concurrencer la domination asiatique sur le marché des batteries, dominé par des leaders chinois et coréens.
Les batteries produites utilisent la technologie NMC (nickel-manganèse-cobalt), reconnue pour sa densité énergétique et sa durabilité. Un défi technique colossal, selon Matthieu Hubert, secrétaire général d’ACC : « Notre capacité à maîtriser le processus de fabrication est en pleine progression. » Dès 2024, les premiers modèles Peugeot et Opel intègrent ces batteries françaises.
L’usine prévoit de produire 2 000 packs en 2024. Certes modeste, cette capacité augmentera rapidement pour atteindre 150 000 unités en 2025 et 2,5 millions d'ici à 2030, soit 20 % du marché européen. Cette montée en échelle s’inscrit dans une logique de compétitivité : la batterie représentant 40 % du coût d’un véhicule électrique, il devient impératif de maîtriser les coûts de production pour séduire les consommateurs.
Cependant, tout n’est pas gagné. Les machines importées de Chine ont nécessité un apprentissage intensif, avec des « casses » fréquentes au démarrage. Malgré tout, le taux de réussite s’améliore : aujourd’hui, 98 % des batteries produites sont commercialisables.
Des enjeux européens face à une concurrence mondiale
Historiquement marquée par l’industrie textile et minière, la région des Hauts-de-France s’érige en pionnière de la transition énergétique. Ce projet ACC pourrait créer des milliers d’emplois locaux. Dans l’usine, près de 800 salariés travaillent déjà dans des conditions techniques pointues.
Cédric Souillart, chef de production, décrit un processus de fabrication exigeant : « Les feuilles d’aluminium utilisées dans les cellules font 12 microns, cinq fois moins que le papier ménager. Cela demande une précision extrême. » Ce savoir-faire pourrait devenir un atout décisif pour le rayonnement industriel français.
L’interdiction prévue des véhicules thermiques en 2035 accentue la pression sur la filière électrique européenne. Si les batteries « made in France » marquent une avancée majeure, elles doivent encore s’imposer face à des acteurs asiatiques bien rodés, offrant des prix très compétitifs.
Pierre Paturel, directeur d'études chez Xerfi, avertit au Figaro : « Les prix des batteries sont en train de chuter. Or, en Europe, on a des coûts assez élevés. » La réduction des aides gouvernementales, comme le bonus écologique, complique également la tâche. Pourtant, ACC se veut optimiste.