Malgré des défis importants, les marchés semblent disposés à clôturer l’année sur une note positive. L’achèvement des cycles électoraux majeurs, avec une participation globale estimée à environ 50 % des populations en âge de voter, a dissipé une grande part des incertitudes qui pesaient sur les décisions économiques et politiques.
Bourse : Une fin d’année trompeuse
Cette stabilisation, couplée à des perspectives globalement encourageantes, explique en grande partie le sentiment de « soulagement » qui prévaut en cette fin d'année et un nombre croissant d’indicateurs de sentiments de marché virent même à l’euphorie.
L'Inde, en particulier, a brillé comme une étoile montante, illustrant la vigueur de certains marchés émergents face à des économies développées aux trajectoires plus fragiles. La performance de ses marchés boursiers, soutenue par des réformes structurelles et une croissance robuste, contraste avec la morosité observée ailleurs, notamment en France, où l’incertitude politique et la pression sur les secteurs sensibles comme le luxe ont continué de peser sur le CAC 40. Alors que les investisseurs internationaux se détournent des actifs français depuis l’annonce des élections législatives, l’écart entre les rendements offerts par les OAT (France) et les taux swap a également retrouvé un niveau sans précédent depuis la crise de la dette européenne en 2012. Leur niveau absolu est désormais en ligne avec ceux de la dette grecque.
Des valorisations élevées, mais des failles potentielles
Alors que les valorisations actuelles, en particulier aux États-Unis, suggèrent une confiance soutenue, elles reposent sur des hypothèses optimistes qui pourraient néanmoins être fragiles.
En effet, le marché boursier américain, avec une capitalisation qui atteint 62 trillions de dollars, représente désormais plus de deux fois la taille de son économie - un ratio qualifié de préoccupant par Warren Buffett dès 2001 et qui est un indicateur à ne pas négliger.
Selon le magnat américain, « si le rapport entre la capitalisation boursière et le PIB atteint 200%, comme en 1999-2000, on joue avec le feu. » Cette mise en garde pourrait prendre tout son sens prochainement, alors que la concentration des performances sur quelques secteurs clés rend le marché plus vulnérable à des corrections. Pour l’heure, si le secteur des semi-conducteurs a récemment sous-performé, d’autres ont pris le relais (software et smallcaps notamment).
Quant à la dynamique inflationniste, bien que modérée cette année, elle pourrait repartir de l’avant en raison notamment de l'essor des cryptomonnaies et de l'intelligence artificielle. Des innovations qui, si elles promettent des gains de productivité à long terme, exercent une pression accrue sur les ressources énergétiques. En Irlande, par exemple, 20 % de la consommation d’électricité est désormais absorbée par les centres de données, ce qui illustre l'impact croissant de ces technologies.
La politique protectionniste annoncée par Trump est également propice à un rebond de la hausse des prix, et si la dernière poussée inflationniste a largement profité aux entreprises qui ont su augmenter leurs marges, il est probable que la tendance s’inverse ce coup-ci, avec des frais additionnels qui devront sans doute être absorbés par les entreprises alors que le consommateur montre déjà des signes de faiblesse.
Au bout du compte, les perspectives de baisse de taux devront probablement être revues à la baisse, une fois ces facteurs considérés.
Des signaux d’alerte à ne pas négliger
Malgré ces défis structurels, les marchés devraient bien terminer 2024. La fin des échéances électorales, déjà évoquée, conjuguée des avancées potentielles dans les conflits géopolitiques majeurs comme en Ukraine et au Moyen-Orient contribue à ce stade à un climat de relative sérénité. En Europe, les valorisations attractives pourraient quant à elles attirer l’attention des investisseurs à la recherche d'opportunités, même si les risques liés aux tensions commerciales et aux politiques fiscales demeurent présents.
Pour autant, les signaux d’alerte pour 2025 ne doivent pas être ignorés. La pression sur les marges des entreprises, l'incertitude concernant les politiques monétaires et le ralentissement économique anticipé pourraient peser dès le début de l'année prochaine. Les secteurs les plus sensibles, comme ceux de la technologie et des biens de consommation, pourraient voir leurs valorisations remises en question face à une demande plus faible et des coûts de financement en hausse.
Attention donc à ne pas se faire happer par des marchés trop euphoriques…