L’accord de libre-échange UE-Mercosur fait plus que débat au sein des pays de l’UE. Tandis que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, multiplie les efforts pour conclure ce projet historique, l’Italie oppose sa résistance. Entre normes agricoles, compensations économiques et enjeux politiques, Rome pose ses conditions. Une position qui arrange les affaires d’Emmanuel Macron, farouchement opposé.
Mercosur-UE : l’Italie se joint à la France pour stopper l’accord
Dans les coulisses des négociations, l’Italie joue un rôle pivot. Les attentes de Rome révèlent des désaccords profonds sur les priorités commerciales et agricoles européennes.
Italie : une opposition calculée pour protéger l’agriculture
L’Italie est claire là-dessus : sans garanties solides, impossible de signer l'accord UE-Mercosur. Rome réclame que les normes européennes de contrôles vétérinaires et phytosanitaires soient intégralement respectées. « Nous exigeons que les produits entrant sur le marché intérieur respectent nos standards de qualité et de protection des consommateurs », précisent des sources italiennes.
Ce refus catégorique s’ancre dans la volonté de protéger les agriculteurs locaux face à une concurrence jugée déloyale. Les pays du Mercosur, à savoir le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay, appliquent souvent des normes moins strictes, suscitant des inquiétudes chez les producteurs européens. Cette position italienne fait écho à celle de la France, également en première ligne contre cet accord, jugé très néfaste pour le secteur agricole.
Au-delà des normes sanitaires, l'Italie exige la mise en place d’un système de compensation efficace en cas de déséquilibres économiques. « Le gouvernement italien estime que les conditions ne sont pas réunies pour souscrire le texte actuel de l'accord d'association UE-Mercosur, et que la signature ne peut avoir lieu que sous la condition d'une protection et d'une compensation adéquates en cas de déséquilibres dans le secteur agricole », revendique Rome.
Le secteur agricole européen, déjà sous pression, pourrait être lourdement impacté par l’arrivée massive de produits sud-américains. Pour Giorgia Meloni, Premier ministre italien, il s'agit d'une "question stratégique" touchant à la souveraineté alimentaire européenne.
Mercosur : une alliance Rome-Paris pour bloquer l’accord
En s’alignant sur la position française, l'Italie joue un rôle décisif dans les négociations. Emmanuel Macron, fermement opposé à l'accord en l'état, voit dans ce partenariat une chance de rassembler une minorité de blocage.
Cet alignement entre les trois pays repose sur des intérêts communs : protéger leurs agriculteurs tout en affirmant leur poids politique au sein de l’Union européenne. Toutefois, il reste à voir si cette alliance tiendra face aux pressions de la Commission.
Malgré ces oppositions, Ursula von der Leyen poursuit ses efforts. La présidente de la Commission européenne a intensifié les discussions avec les pays du Mercosur, cherchant des compromis acceptables. Juridiquement, rien ne l'empêche d'annoncer une conclusion symbolique de l’accord. En effet, von der Leyen est arrivée au sommet des pays du Mercosur qui s'est ouvert le 5 décembre 2024 à Montevideo (Uruguay).
Cependant, un tel geste sans consensus risque un désaveu majeur du Conseil de l’UE. Pour empêcher l'adoption du texte, la France a besoin de rallier trois autres pays représentant plus de 35% de la population de l'UE, avec donc l'Italie et la Pologne déjà de son coté. L'accord Mercosur pourrait bien devenir l’un des plus grands casse-têtes diplomatiques des dernières années de l’Union européenne.