La chute du gouvernement Barnier, marquée par un vote de censure historique le 4 décembre 2024, suscite de vives inquiétudes dans le monde économique. L’agence de notation Moody’s a été la première à réagir au vote des députés, quelques heures seulement après les résultats.
Censure : Moody’s menace déjà la note de la dette française
Pour l’agence de notation Moody’s, cet événement comme un facteur aggravant pour les perspectives économiques françaises. À travers plusieurs analyses convergentes, les agences de notation semblent signaler un tournant critique pour la France, dont la trajectoire budgétaire devient de plus en plus incertaine.
La censure fracture l’environnement politique selon Moody’s
Le vote de censure, soutenu par 331 députés, reflète un contexte politique particulièrement tendu. Moody’s souligne que cet événement illustre « un environnement politique fracturé » et réduit considérablement la probabilité de mises en œuvre de réformes nécessaires à une consolidation des finances publiques. La démission de Michel Barnier, annoncée immédiatement après le vote, plonge la France dans une impasse institutionnelle qui affaiblit sa capacité à répondre aux défis économiques actuels.
Des déficits en hausse : la France au bord du gouffre
Les prévisions budgétaires de la France s’assombrissent. Moody’s anticipe un déficit public atteignant 6,3 % du PIB en 2024, bien au-delà des seuils autorisés par l’Union européenne. Les objectifs initiaux, fixés à 4,4 % pour 2024, sont désormais hors de portée, notamment en raison de recettes fiscales plus faibles que prévu. Et l’OCDE n’annonce guère du mieux pour 2025 : seulement 0,9 % de croissance dans ses prévisions mises à jour le 4 décembre 2024 avant le vote de la motion de censure, contre 1,2 % attendus intialement.
Cette situation intervient dans un contexte où la dette publique française devient de plus en plus pesante. Le coût de la dette, déjà le deuxième poste budgétaire après l’éducation, pourrait devenir le premier d’ici 2027.
La dette de la France : une note de crédit sous stricte surveillance
Moody’s avait déjà abaissé sa perspective sur la dette française à « négative » en octobre 2024, se joignant à Fitch pour signaler une dégradation potentielle de la stabilité de la dette française. Si Standard & Poor’s a maintenu de son côté la note française à « AA- » avec une perspective stable fin novembre 2024, le vote de la censure pourrait bien faire revenir l’agence sur sa décision. Les agences soulignent également que la France peine à mobiliser des coalitions politiques capables de soutenir des mesures budgétaires ambitieuses. Cette incapacité institutionnelle ajoute une pression supplémentaire sur les marchés, amplifiant le risque d’un ajustement à la baisse des notes souveraines.
La dégradation de la note de crédit de la France aurait des répercussions importantes : des coûts d’emprunt plus élevés, une confiance réduite des investisseurs et une pression accrue sur les politiques publiques. L’instabilité politique, couplée à des déficits croissants, compromet les perspectives de reprise économique et renforce les incertitudes sur la capacité du pays à respecter ses engagements européens.
Vers une dégradation de la dette souveraine française ?
La crise politique actuelle et ses conséquences économiques révèlent un cercle vicieux pour la France. Moody’s, en mettant en garde contre une baisse potentielle de la note souveraine, adresse un signal clair : des réformes structurelles et une stabilité institutionnelle sont nécessaires pour restaurer la confiance des marchés. Mais avec un gouvernement qui vient de se faire censurer et une classe politique qui n’arrive pas à trouver le moindre compromis, ces réquisits risquent bien de passer à la trappe...