La motion de censure ayant entraîné la chute du gouvernement Barnier bouleverse le paysage économique et politique français. Privée de nouveau budget pour 2025, la France pourrait reconduire celui de 2024 via une « loi spéciale ». Un paradoxe financier émerge : la continuité budgétaire génère des économies, mais freine la croissance et accentue l’instabilité.
Retraites, impôts, déficit : ce que la censure de Barnier signifie vraiment
Des recettes fiscales boostées… mais pour qui ?
L’absence de budget 2025 aura un impact direct les recettes fiscales. En cas de reconduction du budget 2024, le barème de l’impôt sur le revenu, non revalorisé, reste fixe, et ce gel entraîne une augmentation mécanique des prélèvements pour une grande partie des ménages. Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), 17,6 millions de foyers verront leurs impôts augmenter en raison de l’inflation non compensée. De plus, 380.000 ménages, qui ne payaient pas l’impôt sur le revenu en 2024, deviendront imposables. Ce mécanisme devrait rapporter plus de trois milliards d’euros supplémentaires à l’État.
Cependant, ces recettes accrues ne compensent pas certaines pertes. Les mesures fiscales prévues dans le budget 2025, telles qu’une surtaxe sur l’impôt des sociétés et un impôt minimal pour les plus hauts revenus, ne verront pas le jour. Ainsi, si le déficit public pourrait être réduit à 5,3% du PIB, cet équilibre repose sur une taxation accrue des classes moyennes et modestes, suscitant des interrogations sur l’équité fiscale.
Réduction des dépenses, mais à quel prix ?
Du côté des dépenses, la reconduction des crédits de 2024 à l’identique génère également des économies. Alors que le budget 2025 prévoyait une augmentation de 3% pour faire face à l’inflation, ce gel budgétaire devrait réduire les dépenses publiques de 15 à 18 milliards d’euros. Cette réduction mécanique semble être une opportunité pour contenir le déficit, mais elle implique des ajustements sévères dans le financement des services publics et des prestations sociales.
Toutefois, ces économies ne suffisent pas à dissiper les risques économiques. Les marchés financiers, méfiants face à l’instabilité politique, pourraient exiger des taux d’intérêt plus élevés sur la dette française. En parallèle, l’incertitude freine les investissements des entreprises et menace une consommation déjà fragile. Cette spirale risque d’aggraver le ralentissement économique, transformant une victoire comptable en un revers pour l’économie réelle.