Prix de l’électricité : pourquoi la facture ne va pas baisser en 2025 ?

Entre le climat politique actuel et les incertitudes liées au budget de 2025 qui en découlent, il est difficile de faire des projections sur les secteurs clés, notamment celui de l’énergie. Le Premier ministre Michel Barnier, dont le siège est actuellement sur la sellette, a promis une baisse du prix de l’électricité supérieur à celle qui était initialement prévue. Mais qu’en sera-t-il vraiment ? Des hausses ne sont-elles pas cachées derrière ces belles annonces ? Emmanuelle Wargon, invitée de l’émission Good Morning Business lundi 2 décembre 2024 (BFMTV), a tenté de rassurer les Français.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 3 décembre 2024 à 15h51
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Prix de l'électricité : pourquoi la facture ne va pas baisser en 2025 ? - © Economie Matin
100 MILLIARDS D'EUROSLe réseau électrique national nécessite un investissement de 100 milliards d'euros d'ici à 2040 pour être modernisé, selon le gestionnaire du réseau RTE.

Le prix de l'électricité devrait se stabiliser à 65-70 euros euros/MWh

Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), était l’invitée de Good Morning Business sur BFM Business pour détailler les évolutions prévues des prix de l’électricité. Selon ses déclarations : « les prix se stabilisent aujourd’hui entre 65 et 70 euros/MWh, et à l’horizon 2027-2028, les contrats à terme devraient s’établir autour de 65 euros/MWh. Sauf signe noir ou nouvelle catastrophe, les prix devraient rester dans cette zone. » Le retour à la normale semble donc se confirmer, ce qui devrait, a priori, rassurer les Français.

Comme le rappellent nos confrères, et à titre de comparaison, lors du pic de la crise énergétique déclenchée en raison de la guerre en Ukraine en 2022, le prix de l'électricité était monté jusqu'à 1 000 euros/MWh ! D'autre part, la présidente de la CRE a tenu à signifier son soutien aux déclarations du Premier ministre, Michel Barnier, du 28 novembre 2024. Dans celles-ci, le chef du gouvernement avait annoncé que la baisse du prix de l'électricité pour 80% des ménages Français au mois de février 2025 serait de 14 % et non de 9 % comme initialement prévu.

Le moment de renégocier leur contrat pour les entreprises

Du côté des entreprises, la situation reste complexe. Si certaines industries électro-intensives ont signé des lettres d’intention pour bénéficier de conditions tarifaires avantageuses, la négociation avec EDF demeure difficile.

Toutefois, Emmanuel Wargon a encouragé les entreprises à profiter de l’assouplissement du marché pour négocier des contrats sur 2-3 ans, insistant sur le fait que « les dernières entreprises victimes de la flambée des prix pendant la crise verront bientôt leurs contrats expirer ». 

Quid des taxes ?

Comme le dit l'adage, rien n'est gratuit. Si la baisse du prix de l'électricité annoncée par Michel Barnier semblait montrer un geste de l'exécutif envers les ménages français, celle-ci ne cachait-elle pas une manœuvre de l'exécutif pour renflouer les caisses de l'État ? Comme le rappelle la CRE, certaines taxes sur l'électricité avaient momentanément été mises en sommeil durant la crise énergétique afin d'éviter de trop impacter le portefeuille des Français, déjà mis à mal par la hausse des prix de l'énergie. Mais comme le marché semble se stabiliser, l'exécutif lorgnait de nouveau sur cesdites taxes. Néanmoins, la menace de la motion de censure a amené le Premier ministre à reculer suite aux pressions de l'opposition, et celles du Rassemblement national plus particulièrement. Un semi-renoncement en réalité : la Taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE), qui avait été réduite pendant la crise, devait en effet revenir à son niveau d'avant-crise, à savoir 32 euros/MWh. Notre consœur du Point, Géraldine Woessner, n'avait d'ailleurs pas manqué de pointer du doigt cette manœuvre du Premier ministre sur X (ex-Twitter). Quoi qu'il en soit, celle-ci n'aura pas suffi à sauver le locataire de Matignon d'une motion de censure, deux ayant été déposées lundi 2 décembre 2024, suite au déclenchement de l'article 49.3 par le Premier ministre sur le budget de la Sécurité sociale. 

Quid de la TURPE (Tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité) qui a augmenté de 4,8 % en août 2024, et qui pourrait de nouveau augmenter de 10% en février 2025 ? Emmanuelle Wargon n'a pas caché à nos confrères de BFM Business que « l’arbitrage (pour la TICFE et la TURPE) n’est pas encore fait », précisant que la CRE « prendra sa décision fin décembre ou début janvier » Rien n'est donc acté pour le moment, mais tout semble aller dans le sens d'une prochaine hausse de cesdites taxes. Peu importe pour Emmanuelle Wargon, c'est le geste qui compte plus que son effet, cette dernière estimant - avant le dépôt de la motion de censure du gouvernement - que « sur les taxes, on peut quand même se réjouir que le gouvernement ait dit qu’il ne les augmenterait pas trop. » Nonobstant, si le prix de l'électricité baisse effectivement, et que celui des taxes venait à grimper tel que cela est envisagé, n'y aurait-il pas en définitive, annulation des promesses ? Pour rappel, rien que la TICFE et la TVA représentent à elles seules plus d'un tiers de la facture d'électricité des Français, et même plus de 40 % si on y ajoute la TURPE. À ne pas omettre non plus que les infrastructures électriques françaises nécessitent un investissement de 100 milliards d'euros d'ici à 2040 selon le gestionnaire RTE, pour être modernisées, et raccordées au réseau national pour ce qui concerne les sources de production d'origine renouvelable. En bref, ce sont surtout les taxes que les Français doivent garder à l'œil, plus que le prix de l'électricité lui-même. La mauvaise nouvelle, c'est que leur augmentation apparaît bien inévitable.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

1 commentaire on «Prix de l’électricité : pourquoi la facture ne va pas baisser en 2025 ?»

  • Parmi les causes des difficultés de RTE, issue d’EDF il y a eu l’obligation pour EDF d’absorber le déficit d’AREVA. De celui-là, les responsabilités des dirigeants de cette entreprise ont certainement étés établies mais à aucun moment ils n’ont été inquiété et il ne leur a pas été demandé d’assumer leurs erreurs en comblant le déficit à auteur de leur implication dans celui-ci.
    D’autre part, les gouvernements respectifs ont imposé à EDF des ventes à perte de l’énergie et la gratuité de l’utilisation pour les entreprises privés, que l’ouverture du marché à la concurrence d’EDF à permis, de l’utilisation du réseau RTE. A qui profite individuellement ces politiques?…
    Conséquences RTE, issue des divers démantèlements d’EDF destinés à noyer le poisson, et supprimer les statuts de service public des agents EDF, se trouve exsangue face à la négligence, entre autres, inévitable de l’entretien du réseau.
    Il serait intéressant d’investiguer et chercher s’il y a des liens individuels des responsables d’AREVA et ceux qui constituts les sociétés privées concurrentes d’EDF auxquelles a ainsi été gracieusement ouverte le marché….
    Les consommateurs paient donc ,entre autres, deux fois leur consommations d’énergie, la facture de consommation et les taxes associées ,ainsi que la TVA et probablement bientôt un impôt sur le revenu reversé en partie pour faire face à l’inéluctable:: Le changement climatique.

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