Semaine de 4 jours au travail, on fait le point !

Depuis plusieurs années, la semaine de 4 jours attire l’attention des entreprises, des salariés et des chercheurs. Cette organisation du travail, présentée comme une solution miracle pour concilier productivité et bien-être, soulève de nombreuses questions. Si certaines entreprises semblent en tirer des bénéfices, d’autres, à l’instar de YZ, une agence de communication liquidée en 2023, font face à des échecs cuisants.

Par Alix de Bonnières Publié le 7 décembre 2024 à 14h00
4 jours entreprise salariés
La semaine de travail à 4 jours n'est pas prête de s'installer en France. - © Economie Matin

Une promesse séduisante pour les salariés et les entreprises

Le concept de la semaine de 4 jours sans réduction de salaire gagne en popularité. Un sondage récent indique que 77 % des actifs français seraient favorables à cette organisation, un chiffre atteignant 83 % chez les 25-34 ans. Les raisons avancées ? Une meilleure qualité de vie, une productivité accumulée et un équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

Pauline Grimaud, chercheuse au Centre d'études de l'emploi et du travail (CEET), a analysé 150 accords d'entreprises adoptant la semaine de 4 jours en 2023. L'objectif principal : améliorer le bien-être des salariés, perçu comme un levier de compétitivité. Pourtant, les modalités de mise en œuvre diffèrent largement d'une entreprise à l'autre, et les résultats sont parfois contradictoires.

Le cas YZ : un exemple d'échec

YZ, une agence de communication dirigée par Julien Le Corre, a testé la semaine de 4 jours dès novembre 2020. L'expérience débute sous de bons auspices : 80 % des salariés se disent satisfaits au bout d'un mois, malgré des journées de travail allongées. Cependant, plusieurs erreurs dans la mise en œuvre entraînent une dégradation rapide de la situation :

  • Fermeture complète le vendredi : cela a engendré une baisse de disponibilité pour les clients, affectant gravement la compétitivité.
  • Manque de flexibilité : un jour fixe non travaillé provoquant des tensions internes, certains salariés devant travailler en urgence le vendredi.
  • Perte de productivité : face à des concurrents plus réactifs, l'entreprise a pris du retard.

En moins de 18 mois, YZ a vu son chiffre d'affaires chuter de moitié. Malgré des ajustements tardifs, l'entreprise n'a pas pu éviter la liquidation.

Avantages et limites de la semaine de travail à 4 jours

Ce qui ressort de positif après quelques années d'observation de l'organisation de la semaine à 4 jours en entreprise est principalement l'augmentation du bien-être des salariés ; l'amélioration de la productivité (dans certains cas) ; la réduction du stress et une meilleure conciliation vie privée/vie professionnelle.

Mais certains aspects négatifs peuvent nuire au développement des entreprises comme des difficultés d'organisation ; la perte de clients due à la baisse de disponibilité ; la résistance au changement et les tensions entre salariés.

Vers un modèle durable ?

La semaine de 4 jours n'est pas une solution universelle. Si des entreprises comme LDLC (spécialisée dans le commerce en ligne) rapportent une augmentation de la satisfaction et de la productivité, des échecs comme celui de YZ mettent en lumière les défis organisationnels. L'étude de Pauline Grimaud montre qu'un modèle flexible, adapté à la culture et au secteur de l'entreprise, est crucial pour réussir cette transition.

Pour les entreprises intéressées, des questions clés restent à résoudre :

  • Quelle flexibilité offrir aux salariés ?
  • Comment maintenir la satisfaction des clients ?
  • Quels indicateurs surveiller pour évaluer les impacts ?

La semaine de 4 jours pourrait bien redéfinir l'organisation du travail en France, mais elle nécessite une mise en œuvre réfléchie et adaptée à chaque contexte. Un pari à double tranchant, qui peut autant séduire que désillusionner.

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