À l’aube de 2025, la question de l’égalité entre les sexes sur le marché du travail demeure un enjeu crucial pour la France. Selon une récente note du Conseil d'analyse économique (CAE), publiée le 28 novembre 2024, l'écart de salaire moyen entre les hommes et les femmes atteignait encore 30 % en 2020. Les auteurs de ce rapport, Emmanuelle Auriol, Camille Landais et Nina Roussille, soulignent que cette situation ne constitue pas seulement une atteinte à l’équité, mais également un frein pour la croissance économique du pays. Comment l'éducation, la parentalité et la structure des carrières contribuent-elles à ces inégalités ? Voici les éléments clés à retenir.
Les racines des inégalités dans le système éducatif
L'analyse du CAE met en évidence que les inégalités se dessinent dès le parcours éducatif des jeunes filles. Bien qu'elles réussissent mieux que leurs homologues masculins à l'école, leur représentation dans les filières scientifiques et techniques reste largement en-deçà, limitant ainsi leurs perspectives de carrière et de salaire. Ces biais d’orientation trouvent souvent leurs origines dans des stéréotypes de genre ancrés dès le plus jeune âge.
Pour remédier à cette situation, les auteurs de la note proposent de mettre en place un plan ambitieux visant à garantir une meilleure représentation des filles dans les matières scientifiques. Parmi les recommandations, ils suggèrent de commencer l’intervention dès la classe de cours préparatoire (CP), avec des enseignants spécialisés en mathématiques formés à favoriser l'égalité des sexes. En outre, il est essentiel de promouvoir des modèles féminins dans ces carrières pour inspirer les jeunes filles.
L’effet dévastateur de la pénalité parentale
Les conséquences sur les carrières des femmes se font particulièrement sentir dans les années qui suivent la naissance d'un enfant. Selon les recherches présentées, une femme perd en moyenne 38 % de ses revenus après la naissance de son premier enfant. Cet écart risque de devenir permanent, les femmes souvent contraintes de réduire leur temps de travail ou d'accepter des postes moins rémunérateurs pour plus de flexibilité. Pendant ce temps, les revenus des hommes ne sont que marginalement impactés par la parentalité.
Pour lutter contre ce phénomène de « pénalité parentale », le CAE recommande notamment d’allonger le congé paternité à dix semaines, dont six devraient être obligatoires. Cette mesure, combinée à un renforcement des services de garde d'enfants et à une campagne d'information sur l'importance de l'équité parentale, est perçue comme essentielle pour rétablir un équilibre des responsabilités au sein des couples.
Les discriminations dans les promotions : un frein à l’évolution
Au-delà des disparités salariales initiales, des discriminations plus subtiles persistent dans les processus de promotion. Même lorsqu'elles sont engagées sur un pied d'égalité avec leurs collègues masculins, les femmes rencontrent des obstacles pour accéder à des postes à responsabilité. Une étude révèle que les différences de progression salariale sont principalement dues à des inégalités d'accès aux promotions.
Pour corriger ces déséquilibres, le CAE propose plusieurs solutions, dont l'obligation pour les employeurs de mentionner les salaires dans les annonces et d'introduire des politiques de quotas plus strictes pour l'accès aux postes exécutifs. Ces mesures visent à encourager une véritable parité dans les promotions et à s'assurer que les femmes peuvent évoluer dans des conditions comparables à celles de leurs collègues masculins.
Une approche systémique pour un changement durable
Les inégalités de genre dans le monde du travail ne sont pas seulement une question de justice sociale, elles sont également un véritable obstacle à la croissance économique. Le CAE évoque la nécessité d'une approche coordonnée et ambitieuse, impliquant une multitude de politiques adaptées aux défis rencontrés par les femmes durant leur cycle de vie professionnelle. Une telle stratégie devrait intégrer l'éducation, la parentalité et l'évitement des discriminations sur le lieu de travail.
Cette ambition nécessite de mettre en place un comité de suivi opérationnel, rendant agissantes les décisions prises au plus haut niveau de l’État. À l'heure où la France s'engage sur le chemin de la croissance et du développement durable, l'inclusion des femmes sur le marché du travail est plus qu'une nécessité ; c'est un impératif économique. Comme l'affirme la note du CAE, « seule une stratégie ambitieuse, agissant sur tous ces leviers en même temps, est susceptible de construire une société plus équitable tout en libérant le potentiel économique lié à une meilleure inclusion des femmes sur le marché du travail ».
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