La Suède vient de trancher : treize projets de parcs éoliens offshore en mer Baltique sont annulés. Ce choix stratégique est dicté par les impératifs de défense nationale et les tensions croissantes avec la Russie
Éolien : la Suède renonce à 13 projets à cause de la Russie
Défense nationale : une priorité absolue pour la Suède
Les forces armées suédoises sont catégoriques : l’installation d’éoliennes offshore en mer Baltique représente un « risque inacceptable ». Selon elles, ces infrastructures perturberaient les capteurs de détection radar et sous-marins essentiels à la surveillance de la région. En effet, les pales rotatives des éoliennes produisent des échos radar et des interférences acoustiques qui compliquent la détection des sous-marins et des missiles ennemis.
« Nous ne pouvons plus accepter un quelconque risque pour notre capacité de défense », a déclaré l’armée. La proximité de la Suède avec Kaliningrad, enclave russe stratégique, accentue l’importance de maintenir une vigilance maximale et de privilégier à tout prix la Défense.
La mer Baltique est devenue un point stratégique européen. Depuis que la Suède a rejoint l’OTAN, tous les États bordant cette mer, sauf la Russie, sont membres de l’alliance. Cela confère une importance stratégique accrue à la zone, notamment pour la surveillance des activités militaires russes.
« La situation sécuritaire grave que connaît actuellement la Suède impose de privilégier les intérêts de la défense », a souligné Pål Jonson, ministre de la Défense. L’ombre de la guerre en Ukraine plane sur cette décision, Moscou ayant montré une capacité à viser des infrastructures critiques, y compris énergétiques.
Transition énergétique : un défi colossal
La Suède ambitionne de doubler sa consommation électrique d’ici à 2045 pour atteindre 300 TWh, soutenue par des sources renouvelables. Pourtant, l’abandon de ces treize projets début novembre 2024 représente un coup dur pour les objectifs climatiques du pays.
Parmi les 24 projets éoliens initialement proposés, seuls onze subsistent. « Il est problématique de fermer catégoriquement une zone entière de production potentielle d’électricité », déplore Svensk Vindkraft, association suédoise de l’éolien. Pour surmonter ce défi, le gouvernement explore des solutions alternatives, comme le redéploiement vers des zones moins sensibles ou le développement de technologies limitant les interférences.
Face aux contraintes géopolitiques, le gouvernement a validé un projet offshore moins problématique : « Poseidon ». Situé au large de Stenungsund, sur la côte sud-ouest, ce parc éolien montre qu’un compromis entre sécurité et énergie renouvelable est possible.