La revalorisation du SMIC fait l’objet d’un débat annuel entre économistes, syndicats et gouvernement. Le rapport des experts pour 2024 déconseille une nouvelle hausse, arguant des conséquences économiques et sociales potentiellement négatives.
Pouvoir d’achat : pas de revalorisation du SMIC au 1er janvier ?
Le contexte économique, un frein à la hausse du SMIC
La fin de l’année 2023 est marquée par une stagnation économique qui inquiète les employeurs comme les experts. Alors que le marché de l’emploi a connu une période de croissance consécutive, le solde des créations d’emplois a chuté. L’augmentation des taux d’intérêt, bien qu’efficace contre l’inflation, a paralysé une partie de l’activité économique. Les entreprises, confrontées à une hausse des coûts du travail, auraient des difficultés à maintenir leurs marges ou à répercuter ces coûts dans leurs prix.
Les conséquences d’une augmentation du SMIC dans ce contexte pourraient être dramatiques. Des entreprises fragiles risqueraient la faillite, accentuant la hausse des défaillances d’entreprises, déjà à des niveaux record. Cette situation toucherait en priorité les salariés précaires, qui occupent souvent des postes au SMIC, et pourraient être les premiers à perdre leur emploi dans un marché en crise.
Un impact mitigé sur la lutte contre la précarité
L’idée d’améliorer le pouvoir d’achat des plus modestes via le SMIC est souvent mise en avant, mais le groupe d'experts, cité par le quotidien Le Figaro, nuance son efficacité. Selon eux, la pauvreté laborieuse est davantage liée à la durée du travail et à la structure familiale qu’au niveau du salaire horaire. Ainsi, des politiques axées sur la réduction des temps partiels subis et une meilleure aide aux familles apparaissent comme des solutions plus pertinentes.
Depuis la fin de la crise sanitaire, le SMIC a déjà augmenté neuf fois, suivant l’inflation. Cette progression, supérieure à celle de nombreux salaires intermédiaires, a réduit les écarts entre les rémunérations. Une dynamique qui peut engendrer un sentiment de déclassement chez certains employés et perturber les équilibres salariaux.
La "désmicardisation" en ligne de mire
En janvier 2024, la proportion des salariés au SMIC devrait redescendre à près de 14%, après un pic historique de 17% en 2023. Cette tendance encourageante pourrait être freinée par une nouvelle hausse, d’après les experts. Les entreprises auraient besoin de stabilité pour prévoir leurs coûts et négocier les salaires de branche. Une augmentation supplémentaire compliquerait ces ajustements et risquerait de provoquer un effet domino sur les structures de rémunération.