En cas d’attaque nucléaire, la France se retrouve dans une position précaire : pas de plan B, pas d’abris pour protéger sa population. Tandis que certains pays européens investissent dans des infrastructures de survie, l’Hexagone mise tout sur la dissuasion nucléaire. Une stratégie risquée face à une menace qui ne cesse de grandir.
Attaque nucléaire : la France incapable de protéger 96% de sa population
La dissuasion nucléaire : un pari risqué pris par la France ?
Depuis les années 1960, la France base sa sécurité sur la dissuasion nucléaire. Ce concept repose sur l’idée que la menace d’une riposte immédiate découragerait toute attaque. Cependant, cette stratégie laisse de côté un élément simple, mais si important : la protection de la population.
Contrairement à l’Allemagne, à la Suisse ou même à la Russie, la France n’a jamais développé de réseau national d’abris souterrains. Jean-Marie Collin, expert contre la prolifération du nucléaire et directeur de l’Ican, résume parfaitement : « Depuis soixante ans, on espère que cela n’arrive pas, car il n’y a pas de plan B. »
Avec à peine 1 000 abris recensés en 2017, dont 60 % à usage militaire, la France ne pourrait protéger que 4 % de ses citoyens en cas de frappe nucléaire. Cette approche contraste fortement avec celle de la Suisse, capable de mettre à l’abri l’intégralité de sa population grâce à des infrastructures dédiées.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a ravivé les craintes d’un conflit nucléaire. La modification de la doctrine nucléaire russe par Vladimir Poutine le 19 novembre 2024, permettant le recours aux armes atomiques en cas de menace sur son territoire, a intensifié les tensions.
Pendant ce temps, la France demeure dépourvue de solutions concrètes pour protéger ses citoyens. Olivier Paccaud, sénateur de l’Oise, a interpellé les gouvernements successifs sur cette faiblesse structurelle. Pourtant, aucune réponse n’a été apportée. Les rares bunkers civils existants, souvent vétustes, sont largement insuffisants face à l’ampleur des besoins.
En Allemagne, par exemple, un recensement national des abris a été lancé. Les citoyens auront bientôt accès à une base de données répertoriant les infrastructures disponibles. En France, l’absence de telles initiatives souligne le retard préoccupant du pays par rapport à son allié.
Une chance de survie ?
Même les chanceux ayant accès à des abris devront affronter une autre réalité : les conséquences d’une explosion nucléaire ne s’arrêtent pas à l’onde de choc initiale. La radioactivité persistante rend toute survie extrêmement difficile.
Abraham Behar, président de l’Association des médecins français pour la prévention de la guerre nucléaire, souligne au Journal des femmes que « le caractère persistant de la radioactivité ruine les espoirs de survie de ceux qui ont pu se mettre à l’abri ». Les survivants devront compter sur des réserves importantes de nourriture et d’eau, souvent hors de portée pour la majorité.
La société elle-même, frappée en plein cœur, s’effondrerait. Jean-Marie Collin rappelle : « Une attaque détruirait la structure même de notre société. »
Face à tout cela, une question persiste : pourquoi ne pas réduire directement la menace ? Les experts plaident pour une avancée vers le désarmement nucléaire. « La meilleure façon d’éviter une guerre nucléaire, c’est le désarmement », insiste Collin. Pour l’heure, la France continue de privilégier la dissuasion et d’éviter le débat sur les abris. Pourtant, les signaux d’alerte se multiplient et les citoyens s’interrogent.