Transports : jusqu’à un tiers des trajets fraudés en Île-de-France

Le 24 novembre 2024, Île-de-France Mobilités (IDFM) a dévoilé une nouvelle campagne pour lutter contre la fraude dans les transports publics. Avec un taux moyen de fraude atteignant 15 % dans les bus de la petite couronne, ce problème pèse lourdement sur le financement des infrastructures et menace la viabilité économique du réseau.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 28 novembre 2024 à 7h00
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18 MILLIONS €Le résultat de la RATP a été de 18 millions d'euros de bénéfice net en 2023.

Alors qu’un changement tarifaire majeur se profile en janvier 2025 pour les transports en Île-de-France, la lutte contre ce phénomène se renforce avec une nouvelle campagne publicitaire.

La fraude dans les transports est omniprésente en Ile-de-France

La fraude dans les transports franciliens n’est pas un phénomène nouveau, mais les chiffres récents donnent une idée plus précise de son ampleur. Selon IDFM, 15 % des voyageurs des bus parisiens et de petite couronne circulent sans titre valide. Dans les bus de grande couronne, ce taux descend à 10 %, grâce à des mesures de contrôle plus strictes. Mais c’est le réseau Noctilien, qui couvre les trajets de nuit, qui détient le triste record : près d’un tiers des trajets y sont réalisés en toute irrégularité.

Pourquoi une telle disparité ? Contrairement aux réseaux souterrains (métro, RER), les bus et trams ne disposent pas de portiques empêchant l’accès sans validation. Les passagers montent librement, et les contrôles restent rares. Les estimations montrent que 5 % des usagers du métro ou du RER fraudent, contre trois fois plus dans les bus. En moyenne, un voyageur sur six ne paie pas son trajet.

Type de réseau Taux de fraude (%) Raison principale
Bus petite couronne 15 Absence de portiques
Bus grande couronne 10 Contrôles renforcés
Noctilien (bus de nuit) 33 Faible contrôle, longs trajets

Des dizaines de millions d’euros de pertes pour le réseau de transports francilien

Au-delà des simples statistiques, la fraude dans les transports a des conséquences économiques majeures. En 2025, l’introduction d’un système de ticket unique simplifié, avec des tarifs de 2 euros pour les bus et trams et 2,50 euros pour les trains, métros et RER, vise à encourager l’usage des transports publics. Toutefois, cette simplification pourrait entraîner une perte de recettes estimée à 30 millions d’euros par an. Une baisse que IDFM espère en partie compenser par une baisse de la fraude… ou une augmentation des amendes.

«Nous devons mener une lutte implacable contre la fraude. Car la fraude, c'est injuste : ceux qui respectent les règles paient pour ceux qui ne les respectent pas. La fraude, c'est aussi un manque à gagner pour financer les transports en commun», a expliqué Valérie Pécresse, présidente de la Région Île-de-France et de IDF Mobilités.

Pour un organisme qui doit concilier modernisation, extension des lignes et maintien de la qualité, ces pertes sont loin d’être négligeables. La fraude aggrave cette équation en réduisant les moyens disponibles pour améliorer les infrastructures.

Frauder c’est voler : la régie des transports franciliens veut frapper un grand coup

Face à cette situation, IDFM a lancé une campagne de communication choc sous le slogan :
« Frauder, c’est voler ! Titres de transport payés = réseau financé. »

Ces affiches, déployées dans les bus de la petite couronne, visent à sensibiliser les usagers sur l’impact collectif de la fraude. L’idée est simple : rappeler que le respect des règles bénéficie à tous et que chaque fraude grève les moyens d’amélioration du réseau.

En parallèle, des renforcements des contrôles sont annoncés. IDFM prévoit d’augmenter le nombre de contrôleurs, notamment sur les lignes à forte fréquentation et dans les bus de nuit. Ces mesures incluent également l’installation de nouveaux valideurs dans les véhicules et sur les quais des tramways.

Mesures prévues par IDFM Impact attendu
Augmentation des contrôles humains Réduction des fraudes volontaires
Installation de nouveaux valideurs Diminution des "oublis" de validation
Sensibilisation avec la campagne d’affichage Rappel de l’impact collectif de la fraude

Qui sont les fraudeurs dans les transports en commun ?

Les profils des fraudeurs sont variés, explique IDFM :

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  • Les fraudeurs volontaires : Ceux qui prennent les transports sans aucun titre, en toute conscience.
  • Les fraudeurs par méconnaissance : Ils utilisent des tickets non valides, comme les tickets T+ au lieu des tickets origine-destination. Ces cas devraient diminuer avec l’introduction du tarif unique.
  • Les "oublieurs" : Certains détenteurs de passe Navigo ou de tickets valides oublient simplement de les valider. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une fraude volontaire, ces comportements restent sanctionnés, avec des amendes allant de 5 euros (paiement immédiat) à 35 euros (paiement différé).

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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